Le broché

Le broché est une étoffe façonnée, formée par un tissage particulier, qui permet d'employer les matières les plus précieuses sans qu'elles éprouvent aucune perte lors du tissage, aussi ce procédé est-il le seul dont on fasse usage pour employer comme trame, l'or et l'argent filés conjointement avec la soie. On distingue plusieurs sortes de brochés.

Broché simple

Le broché simple est un tissage partiel qui diffère tellement du lancé, qu'il n'y a pas à s'y méprendre, attendu que par le moyen du broché, on forme sur l'étoffe des effets façonnés détachés plus ou moins les uns des autres, sans pour cela qu'il existe une seule bride. Aussi, les façonnés brochés ont-ils sur ceux lancés divers avantages qui leur donnent la priorité sur tous ces genres de tissus. Ils sont d'autant plus recherchés, que n'étant pas sujets au découpage, ils offrent une solidité à toute épreuve, qui est infiniment supérieure aux articles lancés-découpés. Un des plus grands avantages du brochés consiste en ce que par ce genre de tissage, on peut à volonté diviser un même coup de trame en matières et en couleurs différentes, qui occuperont chacune leur place respective. Ce que l'on comprendra faclement par les détails qui vont suivre.Supposons un article en 6 chemins, sur chacun desquels on voudrait exécuter un effet façonné, telle serait, par exemple, une petite fleur isolée et contresemplée. Lors de la foule qui aura lieu pour les coups de trame qui doivent former le façonné établi sur une même ligne, on pourra, à chaque levée, passer trois couleurs ou matières différentes sur un même coup. A cet effet, on se sert de trés petites navettes en buis, auxquelles on donne le nom d'espolin.En admettant que dans cet exemple, chaque effet ou chaque fleur soit en totalité établi par 7 couleurs différentes, il faudra pour l'exécution, se servir d'autant de séries d'espolins que l'on aura d'effets brochés, et chaque série d'espolins doit être placée sur la façure, en face du sujet qu'elle est appelée à confectionner.
Le passage de chaque espolin forme une quantité de zigs-zags qui ont lieu sur la levée des lats qui leur sont désignés. Ces lats sont supplémentaires au coup de fond, lequel est toujours de rigueur. Ce qui est évident, puisque les trames qui confectionnent le façonné n'étant tissées que par le broché, il faut nécessairement que le liage d'une fleur à l'autre, ce qui constitue le corps de l'étoffe, soit confectionné par un ou par plusieurs coups de fond, dont la levée peut être indistinctement établie, soit par le corps, soit par des lisses disposées en conséquence.

Lorsque les parties brochées sont trés fournies en trame, elles forment une convexité trés sensible, surtout quand la dorure y domine. Dans ce casn il est urgent d'enrouler sur le rouleau de devant, et en même temps que le tissu, une étoffe épaisse et moelleuse dite molleton. Sans cette précaution, les parties brochées s'applatiraient lors de l'enroulement, ce qui aurait le double inconvénient d'écraser le dessin et d'érailler le fond (NDLR: il ne faut pas tenir compte de cela si l'on utilise un système d'enroulage indirect à plusieurs rouleaux avant).
Broché-lancéOn donne le nom de broché-lancé, aux tissus dont la confection est établie conjointement par effets de l'un et de l'autre genre, dans ce cas le broché a spécialement lieu pour les trames en dorure, argenterie, ou soie d'un trés haut prix, tandis que les effets produits par le lancé sont réservés aux trames inférieures.
Broché-damasséLe broché-damassé n'est autre chose qu'une étoffe brochée ordinaire, établie sur un fond damassé. Les dessins disposés pour ce genre, sont ordinairement disposés de manière à former l'entourage du broché. On fait également des articles qui réunissent à la fois le broché, le lancé et le damassé: pour ce genre de montage il suffit de disposer chaque partie individuellement, qu'on le ferait s'il ne s'agissait que d'une seule.

Broché-crocheté

Le broché-crocheté n'est encore que trés peu en usage. Pour ce genre de tissage, chaque coup de trame peut-être formé par un nombre quelconque d'espolins, qui produisent sur l'étoffe autant de couleurs variées, et sur une même ligne. Pour exécuter ce genre de broché, il faut que la trame de chaque espolin se croise avec celle de l'espolin qui l'avoisine, c'est à dire que toutes les boucles de trame qui terminent un effet sont, à droite et à gauche, crochetées avec les boucles de trames qui forment l'effet qui leur est contigu. Ce genre de tissu a le seul inconvénient d'exiger beaucoup de main-d'oeuvre, ce qui le porte à un prix excessivement élevé, aussi l'a-t-on à juste titre surnommé le ROI DES TISSUS.

Conclusion:

D'après ce que nous venons de dire sur les brochés, on comprend que la variété de ces articles peut s'étendre à l'infini: du reste, quelqu'en soit le genre, le procédé du tissage en est toujours à peu près le même.