Décomposition d'une étoffe
La décomposition consiste à rechercher dans un tissu donné tous les éléments nécessaires à sa reproduction aussi exacte que possible : armure, compte de chaîne, réduction de trame, matières employées, titres ou numéros des fils.

Décomposition d'une étoffe

Le travail de la décomposition peut se diviser en deux parties principales :
1- L'analyse du tissu
2- La disposition

Analyse du tissu
Pour analyser un tissu il faut procéder successivement aux opérations suivantes :
- Trouver l'armure, c'est à dire l'ordre de croisement des fils de la chaîne avec la trame.- Compter le nombre de fils au centimètre- Multiplier ce nombre de fils par la larheur donnée pour connaître le nombre total de fils- Diviser ce nombre par 80 si l'on désire s'exprimer en portées- Indiquer le remettage- Indiquer le piquage en peigne- Diviser le nombre total des fils par le nombre de fils en dent pour connaître le nombre total des dents utilisées du peigne- Diviser ce nombre par la largeur pour connaître la réduction du peigne, c'est à dire le nombre de dents au centimètre. Traduire éventuellement cette réduction en nombre de dents au pouce (1 pouce lyonnais = 2.707 cm)- Indiquer le nombre de fils composant les cordons (lisières) et leur piquage en peigne- Compter la réduction de la trame, c'est à dire le nombre de coups ou duites au centimètre. - Traduire cette réduction en nombre de coups ou duites au pouce- Chercher le titre ou numéro des matièes employées en chaîne et trame
Nous allons indiquer la manière de procéder pour résoudre chacune de ces opérations.

1- Trouver l'armure - La recherche de l'armure est une opération dont le résultat est toujours certain, mais qui demande beaucoup de patience, de raisonnement et de précision dans l'exécution.Selon que l'armure est produite par effets de chaîne ou de trame, la méthode à employer doit changer.
Si l'armure est produite par effets de chaîne, comme dans le taffetas, le sergé, le satin, la recherche de l'armure doit se faire à l'endroit du tissu et dans le sens de la chaîne; pour cela, après avoir coupé l'échantillon à droit fil et établi une frange d'environ 1 mm en défilant quelques fils, l'opérateur se sert d'une loupe de décomposition ou simplement d'un compte-fils et d'une pointe effilée ou poinçon légèrement recourbé à l'extrémité à l'aide duquel il peut successivement isoler chaque fil. Le jeu de chacun des fils est relevé sur papier libre ou sur papier de mise en carte en se servant des signes conventionnels utilisés pour figurer les tissus.
Il faut avoir soin de garder comme témoin le fil dont on vient de reconnaître le jeu afin de pouvoir établir la position des liages du fil suivant par rapport à ceux du fil précédent. Ainsi, par exemple, dans un satin de 7, en examinant à la loupe le premier fil qui se présente sous le poinçon, on voit que ce fil flotte sur 6 coups et lie sous le septième. Mais si pour examiner le jeu du deuxième fil on défile complètement le premier, on verra bien que ce deuxième fil flotte également sur 6 coups et qu'il lie sous le septième, mais il n'est plus possible de déterminer la position de son liage par rapport à celui du premier fil, autrement dit de déterminer le décochement ou l'interruption, donc, règle absolue : toujours garder le fil précédent comme témoin.
L'opérateur doit procéder ainsi successivement pour chaque ful jusqu'à ce qu'il ait trouvé un fil faisant le même jeu que le premier. Il a ainsi obtenu l'armure et le nombre de fils ainsi que le nombre de coups composant le rapport de cette armure.
C'est aussi à ce moment que l'on doit reconnaître si la chaîne est composée de fils simples, doubles, triples, etc.
On dit que la chaîne est simple lorsque chaque fil n'est formé que d'un seul brin. On dit que la chaîne est double lorsque chaque fil est composé de 2 brins parallèles se séparant trés nettement, ce sont deux fils qui ont été doublés à l'opération de l'ourdissage et qui, conséquemment, font le même jeu dans le tissu. On comprend qu'un fil triple serait celui formé de 3 fils assemblés à l'ourdissage et qui feraient le même jeu dans le tissu.
Si l'armure est produite par effets de trame, comme par exemple dans le reps, la recherche de l'armure doit toujours se faire à l'endroit du tissu, mais dans le sens de la trame, c'est à dire que l'opérateur doit examiner successivement le jeu de chaque coup de trame avec les fils de chaîne, en ayant soin, comme pour les armures effets de chaîne, de toujours conserver le coup précédent comme témoin du coup suivant.
Une condition essentielle pour trouver rapidement et sûrement l'armure d'un tissu est de savoir s'éclairer. Il n'est pas besoin d'une lumière intense, comme on pourrait le croire, mais il faut chercher l'angle de lumière sous lequel les fils de chaîne ou les fils de trame apparaîssent le plus net à l'oeil de l'obesrvateur. Ainsi, par exemple, si nous examinons un tissu taffetas, en plaçant l'échantillon dans une position telle, que les rayons lumineux arrivent perpendiculairement à la trame et, conséquemment, parralèllement à la chaîne, nous distinguerons nettement les coups de trame, mais les fils de chaîne seront mal éclairés et nous aurons de la difficulté à lire le croisement de ces fils avec la trame. Réciproquement, si nous plaçons l'échantillon dans la position où les rayons lumineux arrivent perpendiculairement à la chaîne, alors nous distinguerons trés nettement les fils, mais la trame sera moins éclairée. Nous pourrions tirer cette conclusion que, pour les taffetas, il faut placer l'échantilon dans une position telle, que la direction de la chaîne ou de la trame fasse un angle de 45° avec les rayons lumineux, mais ceci n'est pas une règle, et il faut que l'opérateur, pour chaque genre de tissu, cherche l'angle de lumière sous lequel il distingue le mieux le croisement des fils, c'est là un point trés important pour le succès et la rapidité de l'opération.

2- Compter le nombre de fils au centimètre - Cette opération se fait à l'aide d'un compas et d'une loupe ou simplement avec le compte-fils lyonnais dont le champ mesure un centimètre sur le grand coté et 1/4 de pouce (6.767 mm) sur le petit coté.
La manière de compter les fils varie pour chaque armure, nous la donnerons en temps et lieu, mais il est important que l'opération se fasse avec beaucoup de précision afin de réduire à son minimum l'erreur inévitable qu'elle comporte.

3- Multiplier ce nombre par la largeur donnée - La largeur d'un tissu est trés variable, elle est quelque fois subordonnée à l'emploi auquel le tissu est destiné. Les tissus pour robes et confections s'établissent dans une largeur de 60 à 90 cm pour les tissus étroits qui sont le plus généralement des tissus teints en flottes, ou dans une largeur de 100 à 120 cm pour les tissus larges, généralement teints en pièces. La plupart des velours s'établissent dans une largeur de 50 cm. La largeur des tissus d'ameublement varie de 54 à 130 cm, etc., etc.
Dans tous les cas, l'opération est une simple multiplication de la largeur exprimée en cm par le nombre de fils au cm. Si l'opération précédente n'a pas été faite avec précision, on comprend que le nombre total de fils pourra être faussé en plus ou en moins et que l'erreur commise pourra modifier, dans une certaine mesure, la qualité du tissu et, par suite, le prix de revient.
Ainsi, supposons qu'un tissu comporte 120 fils au cm, si par erreur l'opérateur en a compté 128, dans une largeur de 110 cm, nous aurions :
128 x 110 = 14.080 fils tandis que le type donné ne comporte que :120 x 110 = 13.200 filsDifférence : 800 fils

4- Diviser le nombre total de fils par 80 - Nous savons que la portée se compose de 80 fils, donc pour exprimer le nombre de fils en portées, il suffit de faire la division du nombre de fils par 80, s'il y a une fraction, celle-ci s'exprime en fils dont le nombre est indiqué par le reste de la division.
Exemples :6.400 fils / 80 = 80 portées3.860 fils / 80 = 48 portées 20 fils10.060 dils / 80 = 125 portées 60 fils
D'ailleurs, cette manière d'exprimer le nombre de fils en portées tend de plus en plus à disparaître et n'a sa raison d'être que dans le cas où l'ourdissage doit se faire sur l'ourdissoir à bras, vu que la musette se composant généralement de 40 fils, l'ourdisseuse n'a qu'à doubler le nombre de portées donné pour obtenir le nombre de musettes à ourdir. Dans l'ourdissage mécanique, la mise se composant le plus souvent de 400 fils, c'est le nombre de fils total qui compose la chaîne qui est utile à l'ourdisseuse pour calculer le nombre de mises à ourdir mais non le nombre de portées.

5- Indiquer le remettage - Le nombre de lisses (cadres) nécessaire pour faire un tissu dépend :
De l'armure, ainsi pour un tissu dont l'armure est taffetas, il faut 2, 4, 6 ou 8 lisses, c'est à dire un nombre de lisses pair. Pour un tissu dont l'armure est sation de 8, il faut 8 ou 16 lisses, etc.Du compte de la chaîne, c'est à dire du nombre de fils au cm, en se basant sur un maximum de 15 à 20 mailles au cm sur chaque lisse. Ainsi, pour un taffetas comportant 80 fils au cm, il convient de faire le remettage sur 6 lisses, ce qui donnerait 80 / 6 = 13 mailles 1/3 au cm sur chaque lisse.Quant au genre de remettage à employer, rien ne l'indique dans le tissu, nous nous reporterons donc à d'autres règles que nous étudierons plus tard.

6- Indiquer le piquage en peigne - Le piquage en peigne, c'est à dire le nombre de fils à passer entre chaque dent, dépend aussi de l'armure, du nombre de lisses et du compte de chaîne en se basant d'une manière générale sur un minimum de 20 dents au cm ou 54 dents au pouce et un maximum de 30 dents au cm ou 80 dents au pouce. Toutefois dans certains tissus on descendra en dessous ou on montera au-dessus de ces comptes.
En général, pour faciliter le passage des fils cassés en cours de tissage, il faut, autant que possible, faire accorder le piquage en peigne avec le remettage, c'est à dire que le nombre de fils en dent soit un sous-multiple du nombre de lisses. Donc une armure sur 6 lisses devra se piquer le plus possible à 2 ou 3 fils en dent, une armure sur 8 lisses à 2 ou 4 fils...

7- Diviser le nombre total de fils par le nombre de fils en dent - Ceci est une simple opération destinée à connaître le nombre de dents piquées.

8- Diviser le nombre total des dents piquées par la largeur - Le résultat de cette division donne le nombre de dents au cm, autrement dit le compte du peigne. Pour la traduire en pouces, multiplier par 2.707.

9- Indiquer le nombre de fils composant les cordons et le piquage en peigne - L'armure des cordons est généralement Gros de Tours, toutefois, dans certains cas, ils sont tissés avec la même armure que la pièce (corps du tissu) et ne sont distingués que par une couleur différente et la grosseur des fils qui sont ourdis doubles ou triples, en outre, le piquage en peigne est trés souvent différent de celui de la pièce.
Après avoir reconnu la qualité double ou triple que l'on trouve en défilant les fils du cordon, il faut compter le nombre de fils et chercher le piquage en peigne. Pour cela, on compte le nombre de fils pièces contenus dans un espace de compas, par exemple 24 fils, puis on compte dans le cordon le nombre de fils contenus dans ce même espace, soit 36 fils ; on a donc une proportion de 24 fils pièces pour 36 fils de cordon, soit deux fils pièces pour trois fils de cordon, si le piquage en peigne de la pièce a été établi à 4 fils en dent, on comprend que celui des cordons devra se faire à 6 fils. Si la comparaison a donné 24 fils pièces pour 24 dils dans le cordon, le piquage en peigne doit être le même dans les cordons et dans la pièce, etc.
Une autre méthode consiste à mesurer la largeur du cordon et calculer à quel nombre de dents cette largeur correspond, connaissant la réduction du peigne employé pour la pièce.
Exemple : La largeur d'un cordon est de 5 mm, la réduction du peigne de 24 dents/cm, ou 2.4 dents/mm, le cordon comporte donc 2.4 x 5 = 12 dents, si nous supposons 48 fils dans le dit cordon, le piquage en peigne sera 48 / 12 = 4 fils en dent.

10- Compter la réduction de la trame - Cette opération peut se faire au compas ou à l'aide du compte-fils en opérant du coté où la trame est la plus apparente; ainsi, dans les armures effests de chaîne la réduction doit se compter à l'envers du tissu, vu qu'à l'endroit la trame est généralement dissimulée. Dans un taffetas ou une autre armure sans envers, la réduction peut se compter indifféremment sur un coté ou sur l'autre. Dans une armure effets de trame, on comptera mieux la réduction sur l'endroit du tissu.

11- Chercher le titre ou numéro des matières chaîne et trame - Cette opération diffère selon les matières en question. Elle fera l'objet d'une étude ultérieure poussée.