Joseph Perret ne tissait pas d'étoffes façonnées mais des unis en soie, lin, coton.
Il a tissé pour Georges Mattelon les tutus des patineuses à la création d'Holiday on ice, en 1943...
Son seul plaisir était de quitter Lyon pour le village médiéval de Locronan près de Douarnenez dans le Finistère. Il travaillait pour le patron d'un magasin de souvenirs et d'une crèperie, tissant du linge de table breton en lin devant les touristes de passage.
Mr Joseph PERRET, qui fut le dernier canut indépendant de Lyon, dans son atelier de la Croix-Rousse, vers 1969. C'est en hommage à ce grand-père maternel disparu trop rapidement que Philippe Demoule dédia cette série d'articles sur la soierie lyonnaise écrite en 1979.
Il était aussi mon grand-père maternel.
Joseph Perret était canut à façon. Il était aussi mon grand-père maternel. Aimé Perret, dit Joseph (car il n'aimait pas son prénom), dernier garçon d'une famille de quinze enfants, naquit dans la ferme familiale dans un village de la Loire (42), voisin de Noirétable et du pays d'Aimé Jacquet. Ne pouvant pas reprendre la ferme réservée au fils ainé, il dût s'exiler à Lyon, à la recherche de travail, comme beaucoup d'autres à cette époque. Je ne connais malheureusement pas le détail de sa vie que personne ne crût bon de me raconter, mais je sais qu'il fut canut jusqu'au bout. Tout d'abord apprenti, assurément. Puis avant guerre, il eut un atelier de métiers mécaniques. Après guerre on le retrouve dans son atelier de métiers à bras (!) sur le palier de son misérable appartement, au 2 de la Place Marcel Bertone (ex. Place Belfort). C'est là que, petit garçon, je l'ai souvent regardé tisser ou faire ses canettes à la main pour le lendemain.
Il ne sut jamais que je ferai le même métier que lui...
Ci-contre, le soir, Joseph confectionnait ses canettes pour le lendemain.