Le Dictionnaire de la Soierie S-Z

S
SAMIS, s. m. (Soierie) étoffe très-riche, lamée ou tramée de lames d'or ; cette étoffe est de
manufacture vénitienne, mais peu connue présentement ; il s'en trouve pourtant encore à
Constantinople.
SATINADE, s. f. (Soierie) les satinades sont de petits satins très-foibles et très-légers, dont les
dames font des robes longues de printems et d'automne, ou des robes à se peigner. Ils sont
communément rayés. On nomme encore satinade une petite étoffe à-peu-près comme le satin de
Bruges, mais plus foible, dont on fait des meubles, particulierement des tapisseries de cabinet.
SAVOYARD, Contrepoids de rouleau magasin
SERVANTE, Accessoire utilisé au cours du remettage
SORAIRE, adj. (Soirie) il se dit de deux fils envergés qui se trouvent ensemble sur la même
verge ou canne, parce que l'intermédiaire qui les séparoit s'est cassé.
SOURBASSIS, s. f. (Soierie) ce sont les soies de Perse les plus fines, et de la meilleure qualité,
de toutes celles que l'on tire du Levant. Il y en a de blanches et de jaunes, mais toutes
ordinairement grêzes et en matasses. Leur pliage est en masse, et chaque balle contient cent vingt
masses. Le plus grand commerce s'en fait à Smyrne, où elles sont apportées de Perse par
caravanes. On en tire aussi d'Alep, et de quelques autres échelles du Levant. Il en vient encore
une assez grande quantité par le retour des vaisseaux, que les nations d'Europe envoyent dans le
golfe persique.
SOYETEUR, s. m. (Soierie) ouvrier qui travaille en étoffes de soie. Il n'y a guere qu'à Lille,
capitale de la Flandre françoise, où on leur donne ce nom, ailleurs on les appelle manufacturiers,
fabriquans ou ouvriers en soie.
SEMPLE, s. m. instrumens du métier d'étoffe de soie. Le semple est composé d'un nombre de
ficelles, proportionné au genre et à la réduction de l'étoffe que l'on veut fabriquer ; ces ficelles
tiennent chacune par un bout à un oeil de perdrix (Voyez OEIL DE PERDRIX), au-travers
duquel passe une corde de rame, (Voyez RAME) et sont attachées par le bas à un bâton, qu'on
appelle bâton de semple.
T
TABIS, s. m. (Soierie) espece de gros taffetas ondé, qui se fabrique comme le taffetas ordinaire,
hors qu'il est plus fort en chaîne et en treme ; on donne des ondes aux tabis, par le moyen de la
calandre, dont les rouleaux de fer, de cuivre, diversement gravés, et appuyant inégalement sur
l'étoffe, en rendent la superficie inégale, ensorte qu'elle refléchit diversement la lumiere quand
elle tombe dessus.
TAQUET, pièce qui projette la navette. Sur les métiers lyonnais à bras, on le nomme RAT
TAILLEROLLE, s. f. (Soierie) instrument pour couper le poil des velours, coupés et frisés. La
taillerolle n'est autre chose qu'un fer plat de 3 pouces de long et un pouce et demi de large, il a
une petite échancrure à un bout, laquelle forme une lancette qui entre dans la cannelure du fer et
qui sert à couper le poil du velours.
TAVELLE, Support métallique extensible des flottes de soie au dévidage.
TEMPIAT, (Soierie) instrument destiné à tenir l'étoffe en largeur ; il est garni de pointes qui
entrent dans la lisiere de l'étoffe ; il est composé de deux parties, dont l'une se meut dans l'autre
par le moyen d'une vis, qui sert à allonger ou à raccourcir son étendue.
TENUE, Lorsque deux fils de chaîne sont accrochés l'un à l'autre par un brin, un cheveu, ou toute
autre cause, il s'agit d'une tenue. Lorsque la tenue atteint les baguettes d'enverjure, si elle persiste,
l'un des fils va casser fatalement.
TEX (T), Nombre de grammes pour 1000 mètres de fil (voir denier)
TIRELLE, Partie du tissu formée par les premiers coups de navette pour lier la chaîne et la
trame. Cette partie inutilisable est indispensable pour permettre au tissu de prendre sa largeur, et
aux fils de chaîne de se régulariser en tension. On utilise tout d'abord à cet effet une trame très
grosse.
TISSU UNI ou armuré, Tissu utilisant jusqu'à 32 cadres et produisant un effet uni ou un petit
motif géométrique selon les possibilités de ces 32 cadres.
TISSU FACONNE, Utilise une commande (lève) indépendante de chaque fil de chaîne (à l'aide
d'une mécanique Jacquard) permettant la production de tout motif même extrêmement compliqué
et figuratif.
TORDEUSE, Ouvrière qui effectue le tordage des chaînes.
TORS ou TORON , Raccord de deux fils par tordage
TOUANSE, s. f. (Soierie) étoffe de soie qui vient de la Chine. C'est une espece de satin, plus fort
mais moins lustré que celui de France. Il y en a d'unis, d'autres à fleurs ou à figures, et d'autres
encore avec des oiseaux, des arbres et des nuages.
TRAPETTE, s. f. (Soierie) baguette de roseau, chargée aux extrêmités de deux aiguilles de
plomb, qui l'environnent en formant une espece de spirale, posée entre les lisses de fond et celles
de rabat. Son usage est de faire retomber les fils qui pourroient demeurer en l'air, après que les
navettes sont passées ; le passage des espolins en est facilité.
TISSERAND, s. m. terme générique, ce nom est commun à plusieurs ouvriers travaillans de la
navette, tels que sont ceux qui font les draps, les tiretaines, et quelqu'autres étoffes de laine, qui
sont appellés tisserans -drapans, tisseurs ou tissiers : ceux qui fabriquent les futaines se nomment
tisserands-futainiers ; et ceux qui manufacturent les basins sont appellés tisserands en basins.
Pour ce qui est des autres artisans qui se servent de la navette, soit pour fabriquer des étoffes d'or,
d'argent, de soie, et d'autres étoffes mêlangées pour faire des tissus et rubans ; ils ne sont point
nommés Tisserands : les premiers sont appellés marchands, maîtres, ouvriers en draps d'or,
d'argent, de soie, et autres étoffes mêlangées, ou simplement ouvriers de la grande navette ; et les
autres maîtres tissutiers-rubaniers ; ou bien ouvriers de la petite navette.
TISSERAND, s. m. (Lainage) ouvrier qui travaille de la navette dans les manufactures de
lainage, et qui fait sur le métier, de la toile, des draps, des ratines, des serges, et autres étoffes de
laine ; c'est-à-dire toutes ces étoffes telles qu'elles sont, avant d'avoir été au foulon et d'avoir reçu
aucun apprêt. Savary.
TISSERAND, s. m. (Toilerie) artisan dont la profession est de faire de la toile sur le métier avec
la navette : en quelques lieux on le nomme toilier, telier ou tissier. En Artois et en Picardie, son
nom est musquinier
TISSU, terme de Manufacture, qui se dit de toutes sortes d'étoffes, rubans et autres ouvrages
semblables, faits de fils entrelacés sur le métier avec la navette, dont les uns étendus en longueur
s'appellent la chaîne, et les autres en-travers sont nommés la trame de l'ouvrage. On fabrique les
tissus avec toutes les sortes de matieres qu'on peut filer, comme l'or, l'argent, la soie, la laine, le
fil, le coton, etc. Tissu se dit aussi de certaines bandes, composées de gros fils de chanvre que les
Cordiers ont seuls le droit de fabriquer, et qui servent aux Bourreliers à faire des sangles pour les
chevaux de bât et autres bêtes de somme. Voyez SANGLE.
TISSU, étoffe de soie, d'or et d'argent. Le tissu est un drap d'or ou d'argent qui se fait avec deux
chaînes ; l'une est pour faire le fond gros-de-tour, au moyen d'une navette de la couleur du fond
qui se passe au travers ; la seconde qu'on met blanc ou aurore qu'on nomme poil, sert pour passer
une soie blanche ou aurore pour accompagner la navette de fil d'or ou d'argent qu'on passe
ensuite. Cette étoffe est ordinairement tout or ou tout argent, glacé façonné. On fait aussi cette
étoffe tout en soie qu'on nomme tissu en soie, elle est toujours à Lyon de 11/24 d'aunes. Voyez
ÉTOFFE DE SOIE.
Tissu d'or. Le tissu d'or ou d'argent est une étoffe dont la dorure est passée à-travers avec une
navette, cette étoffe est également montée en gros-de-tours. La chaîne et le poil est du même
compte que celles des brocards, avec cette différence que dans ces tissus elle est presque toujours
de couleur, et c'est pour cela qu'il faut que cette étoffe soit accompagnée. L'endroit de cette étoffe
se fait ordinairement dessus ; parce qu'ayant peu de fonds, si on le faisoit dessous, la tire seroit
trop rude, ce qui fait que pour faire l'endroit dessus, on a soin de ne faire lire que le fond. Pour
faire cette étoffe parfaite, il faut que le poil ne paroisse ni à l'envers, ni à l'endroit. Le fond est
armé en taffetas ou gros-de-tours, et le poil de même pour le premier coup de navette qui doit être
toujours de la couleur de la chaîne, ainsi que dans tous les gros-de-tours. Le second coup de
navette est celui d'accompagnage, dont le poil est armé en raz de saint-maur. Le troisieme coup
qui est la navette d'or ou d'argent, fait lever une des lisses qui a levé au coup de fond et à l'accompagnage, et baisser également une lisse qui a fait le même jeu. De façon que deux
marches suffisent pour le fond et huit pour le poil ; savoir quatre pour l'accompagnage, et quatre
pour lier la dorure. Et pour faire le course entier, il faut reprendre une seconde fois les deux
marches de fond. Si on vouloit faire cette étoffe d'un seul pié, il faudroit deux marches de fond de
plus, et larder les marches d'accompagnage et de dorure entre celles de fond, mais pour l'ordinaire
on fait cette étoffe des deux piés. Les tissus d'or dont la chaîne est aurore, n'ont pas besoin d'être
accompagnés de même que ceux d'argent ; pour lors, on supprime les marches d'accompagnage et
on ne laisse que les quatre qui lient la dorure ; ce qui fait en tout six marches.
Tissu damassé, ou toile d'or. Cette étoffe qui est nouvelle ne se fait ordinairement qu'avec de la
laine, qu'on passe à-travers, au-lieu de fil, comme aux autres étoffes ; elle est montée et ornée
comme les tissus sans accompagnage, c'est-à-dire la chaîne et le poil de la couleur de la dorure :
pour faire le damassé, il faut avoir un dessein tel qu'on veut qu'il soit représenté, et tirer ce lac au
coup de dorure ; le lac tiré, si l'endroit est dessus, on baisse au coup de lame trois lisses de rabat,
de maniere qu'il ne reste qu'un quart de la soie tirée qui couvre la laine ; ce qui forme une espèce
de fond sablé, au-travers duquel la dorure paroît si différente des endroits où elle est liée à
l'ordinaire, qu'il n'y a personne, sans être connoisseur, qui n'imagine que cette partie n'est pas
composée de la même dorure qui se montre ailleurs. Quand l'endroit de la toile se fait dessous, et
qu'elle est brochée, pour lors on fait lever trois lisses de chaîne, au-lieu des trois de rabat qu'on
fait baisser quand l'endroit est dessus ; après quoi on continue le travail comme aux autres
étoffes. Armure d'un tissu de couleur, l'endroit dessus ; on peut sur la même armure le fabriquer
aussi beau dessous que dessus, sans l'armer différemment.
Tissu broché. Il est composé et monté comme le tissu courant ; ce sont les mêmes mouvemens,
au-lieu de faire l'endroit dessus, on le fait dessous : la navette d'or ou d'argent passe à travers
comme dans les courans, et la lisse qui servoit à ces derniers à lier à l'envers, les lie dans celui-ci
à l'endroit : on ne fait point lever de lisse de liage au coup de navette d'or, comme lorsque
l'endroit est dessus : par conséquent il ne faut pas plus de marches, et dans le cas où l'on voudroit
que la partie de dorure qui est à l'envers de celle-ci se trouvât liée, pour lors il faudroit quatre
marches de liage de plus, parce que celle qui auroit servi à lier la dorure dessus et dessous, ne
pourroit servir à lier le broché qui ne l'est que dessous, et que la lisse levée empêcheroit de
passer.
TORDRE, maniere d'ajouter une piece de même contenance, au bout d'une autre piece qui finit :
voici comme cela se fait. L'ensouple étant à sa place sur les potenceaux, et chargée de son contrepoids dont la charge est à terre, au moyen de ce qu'on a lâché la contre-charge, le bout de la piece
qui finit reste dans l'inaction du côté des lisses, jusqu'à-ce que prenant l'un et l'autre bout de
chaque piece, et les nouant ensemble par un seul noeud, on laisse un peu de lâche pour l'opération
qui va suivre. Il faut prendre le brin de soie qui doit aller le premier, et qui est toujours du côté
gauche du métier, pour recevoir aussi toujours sur la droite, il faut le prendre, dis-je,
conjointement avec celui qui le doit accompagner, et qui se trouve, savoir celui de la piece
nouvelle, par le moyen de l'encroix, et celui de l'ancienne, par le moyen de la lisse. On glisse le
pouce et le doigt index de la main gauche par derriere le noeud commun, entre lui et le brin à
tordre ; de cette maniere le pouce se trouve du côté des lisses, et l'index du côté de la nouvelle
piece. Ces deux doigts se joignent auprès du noeud, et lorsqu'ils y sont arrivés, ils cassent chacun
leur bout de soie, le plus près de ce noeud qu'il est possible. Ce noeud est tenu en respect par la
main droite, pour donner plus de facilité à la rupture en question ; ces deux bouts se trouvant ainsi
arrêtés entre les deux mêmes doigts, et en les tenant bien ferme, on les tortille assez fortement,
puis on renverse l'extrêmité tortillée sur la partie du brin qui est vers les ensouples de derriere, où
étant on tortille à-present le tout ensemble, ce qui rend ce brin triple à cet endroit, qui par ce
moyen acquiert assez de solidité pour ne se plus désunir, et ainsi de chacun des autres. Voici la
raison pour laquelle il a été dit qu'il falloit renverser l'extrêmité tortillée vers les ensouples de
derriere ; si on faisoit le contraire, on doit prévoir que lorsqu'il faudroit que tous ces brins, ainsi
tords, passassent à-travers les lisses, ils présenteroient leurs extrêmités, qui se rebroussant,
rendroient ce passage impossible ; au-lieu que présentant le talon, le passage en devient facile,
puisqu'il suit naturellement. Après que tous les brins ont été ainsi tordus, il est sensible qu'ils ont
tous la même tension, puisque chaque tord vient à l'égalité de celui qui le précede. Cela fait, on
remet le contrepoids en charge ; et c'est alors que le tout est en état de travailler comme
auparavant. Il faut remarquer que l'endroit où s'est fait le tord dont on parle, est actuellement
entre les lisses et l'encroix de la nouvelle piece. On entend par cet encroix le fil passé dans la
chaîne, pour en conserver l'encroix, Voyez OURDIR. Quand il sera question que le tout passe à
travers les lisses, il faudra agir avec précaution lorsque l'on tirera la tirée, et prendre garde en
tirant doucement, si quelques-uns de ces brins ne se désunissent pas en se détortillant, et y
remédier sur le champ si cela arrivoit : même précaution à prendre lorsque le tout passera dans le
peigne. Il est des cas où l'on emploie cette partie de chaîne, ainsi torse ; pour lors c'est où
l'habileté de l'ouvrier se fait appercevoir, en sauvant l'inégalité et la saleté que ces soies ont
acquises en passant par ses doigts. Il est vrai que quelque précaution qu'il prenne, l'ouvrage est
toujours un peu difforme, et au moins terne à cet endroit ; ce que l'on éviteroit, si interrompant
l'ouvrage à l'endroit de la jonction, on laissoit un intervalle convenable avant de recommencer le
travail.
TRAFUSOIR, s. m. (Soierie) piece de bois tournée en rond, au haut de laquelle, et à environ
cinq piés, est posée d'équerre une cheville très-polie, sur laquelle on sépare les écheveaux de soie
pour les dévider. On donne le même nom à une autre piece de bois, large dans sa hauteur qui n'est
que de trois piés et demi, ou environ ; celle-ci est garnie de trois ou quatre longues chevilles de
bois, bien polies, pour mettre la soie en main.
TRAFUSOIR, Instrument pour mettre en ordre une flotte de soie. En haut d'un pilier de bois,
une longue cheville de bois dur transversale recoit la flotte. On passe les deux avant-bras dans la
flotte et on frappe la flotte des avant-bras tout en la faisant tourner sur le trafusoir, afin de la
déméler ou de la mettre en ordre avant de la dévider.
TRAME, C'est le fil délivré par la navette et qui court dans le tissu d'une lisière à l'autre en
s'entrecroisant avec les fils de chaîne.
TRAME, s. m. (Manufact.) ou TREME, ce terme signifie les fils que les Tisseurs, Tisserans et
Tissutiers, font passer transversalement avec une espece d'outil appellé navette, entre les fils de la
chaîne, pour former sur le métier des étoffes, des toiles, des bazins, des futaines, des rubans, etc.
Les trames sont de différentes matieres, suivant les marchandises que l'on veut fabriquer. Dans
les taffetas, la trame et la chaîne sont toutes de soie ; dans les moires, la trame est quelquefois de
laine, et la chaîne de soie ; dans les serges, la trame est de laine aussi-bien que la chaîne ; les
tiretaines ont la chaîne de fil, et la trame de laine. Le mot trame semble venir de transmeare,
parce que la trame est poussée au-travers des fils de la corde, étendus en longueur sur le métier.
TUYAU, (Soierie) ce sont des roseaux pour les étoffes unies, et de petits canaux de buis pour les
étoffes façonnées. C'est là-dessus qu'on met la dorure ou la soie à employer dans l'étoffe.
TIRE, petite tire, (Soierie) la petite tire a été imaginée pour avancer davantage l'étoffe : on ne
s'en sert ordinairement que pour les droguets destinés à habiller les hommes, et les desseins pour
cette méchanique ne peuvent pas être longs ; huit ou dix dixaines sont suffisantes pour ce genre
de travail. Il est vrai qu'on en a fait qui alloient jusqu'à vingt dixaines ; mais dans ce cas les
semples étoient aussi aisés que le bouton, qui est le nom donné à la façon de travailler. Le rame,
les arcades, et le corps, sont attachés pour la petite tire, comme dans les autres métiers. La
différence qu'il y a, c'est que le nombre n'en est pas si considérable, et qu'on ne passe pas
cinquante cordes ; il s'en est fait cependant qui alloient à deux cent cordes ; mais dans ce cas le
semple est aussi bon ; ce qui fait qu'il faut autant d'arcades qu'on veut mettre des mailles de
corps; à deux mailles pour une arcade, la déduction en est considérable, puisqu'elle a été portée
jusqu'à 3200 mailles, mais les plus ordinaires sont de 1600 et 2400. On comprend de-là, par ce
qui a été dit des satins réduits, combien cette étoffe est délicate et belle quand elle est travaillée
comme il faut. On lit les desseins pour la petite tire sur un chassis, au haut duquel, et dans une
petite tringle de bois ou de fer, on enfile autant de bouts de ficelle un peu ronde, qu'il y a de
cordes au rame, ou de cordes indiquées au dessein. Chacune de ces ficelles doit avoir près d'un
pié de longueur : on enverge les ficelles de façon qu'une boucle sur la tringle, ne se trouve pas
avant l'autre, mais de suite et conforme à l'envergeure : on attache au bout de chaque ficelle
autant de cordes fines, comme celles de semple, et bouclées comme les arcades, qu'il y a de
cordes à tirer à chaque lac : on lit le dessein à l'ordinaire, et on prend autant de cordes fines entre
ses doigts qu'il y a de cordes à tirer sur la ligne transversale ou horisontale du dessein ; cette ligne
finie, on noue ensemble toutes les cordes qui ont été prises, et on en commence une autre, en
continuant jusqu'à ce que le dessein soit lû. La différence de la petite tire d'avec la grande, est que
dans cette derniere le lac seul arrête, au moyen de l'embarbe, toutes les cordes de semple que la
tireuse doit tirer, sans que pour cela il soit besoin de plus de cordes de semple ; au-lieu que dans
la petite tire il n'y a point de lac, mais autant de cordes de semple, telles que nous les avons
indiquées, qu'il y a de cordes à tirer au dessein. Lorsque le dessein est lû on le détache du chassis,
les cordes étant toujours enfilées dans la tringle : on passe si on veut une envergeure en place des
deux baguettes qui tenoient les ficelles rondes envergées : on détache les parties de cordes
attachées à la ficelle ronde, et chacune de ces parties est attachée de suite à une corde double qui
est gancée : on donne le nom de collet ou tirant à cette corde double, à la corde de lame, ayant
soin de faire passer chacune des cordes gancées dans un petit trou qui est fait à une planche
percée, dont la quantité est égale à celle des cordes gancées, et distribuée de façon que chaque
trou soit placé perpendiculairement à la corde ou à la gance qui tient la corde de rame : on égalise
bien les cordes gancées, dont le noeud, avec la partie des cordes qui y sont attachées, est arrêté au
petit trou de la planche, et empêche la corde de rame de monter plus haut que la mesure que
l'attacheur aura fixée. Lorsque toutes ces cordes gancées sont arrêtées et ajustées, on prend
séparément et de suite, toutes les parties de cordes qui ont été nouées par le bas à mesure qu'on
lisoit le dessein, et on attache chaque partie à une corde un peu grosse et forte, laquelle étant
doublée et passée dans une grande planche, après l'avoir été précédemment dans un bouton fait
exprès, dont les deux extrêmités nouées ensemble la retiennent au bouton, et dans la boucle qui se
trouve par la doublure de la corde, dont la longueur est de 15 à 16 pouces plus ou moins : on y
passe la quantité de cordes qui ont été lues et choisies pour composer le lac, et on les arrête
fermes pour qu'elles soient fixées et ne glissent pas ; quelques ouvriers les entrelacent avec la
corde doublée de façon qu'elles ne peuvent pas glisser. Il faut observer que la grande planche
d'enbas doit avoir autant de trous que la planche du haut, qu'elle doit être infiniment plus grande,
et les trous de même, tant parce que la corde double est plus grosse que la corde gancée, que
parce qu'il faut que le bouton soit rangé et de suite, ayant soin quand on les attache, ou qu'on
attache les cordes doubles aux cordes fines de semple, de suivre le même ordre qui a été observé
en attachant les cordes gancées, et que ces dernieres soient relatives avec les grosses et rangées de
même. La différence de la grande et de la petite tire étant démontrée, quant au montage de
métier, il s'agit de faire voir quelle est son utilité. Pour travailler une étoffe à la grande tire, soit
courante soit brochée, il faut que la tireuse perde un tems pour choisir ou trier la gavassine qui
tient le lac ; il faut prendre ce lac dans les fils duquel, ou entrelacemens, sont contenues les
cordes qui doivent être tirées. Second tems. Il faut enfin prendre ces cordes et les tirer. Troisieme
tems, pour un lac seul, qui est peu de chose dans une étoffe brochée, parce que tandis que
l'ouvrier broche ou passe les espolins du lac tiré, la tireuse choisit sa gavassine et son lac, ce qui
empêche le retardement de l'ouvrage ; mais la chose devient différente dans une étoffe courante,
où il faut aller vîte et ne faire ni ne perdre de tems. On lit encore les desseins à la réduction, mais
cette méthode, outre qu'elle est un peu plus pénible, ne sert qu'à épargner les cordes des lacs, et
ne fait pas mieux ni plus mal. Le bouton supplée à ce défaut de deux façons : 1°. la tire va plus
vîte, et il n'y a aucun tems à faire. 2°. l'ouvrier placé sous la grande planche, tirant son premier
bouton de la main droite, choisit le second de la gauche, et sitôt qu'il laisse aller le premier, il tire
le second, ainsi des autres : ce qui fait qu'on peut avec le bouton, faire le double de l'ouvrage
qu'on feroit avec la semple ; l'usage des boutons n'étant destiné que pour les étoffes courantes.
V
VALET, Accessoire utilisé au cours du piquage en peigne
VALET, Arrêt à ressort servant à fixer la position du cylindre de la mécanique aussitôt qu'il a
opéré son quart de tour
VALET, (Soierie) espece de liteau, garni d'une cheville pour arrêter le battant en arriere quand
on broche, et faciliter le passage des espolins. Il y a encore le valet de l'arbalete du battant ; c'est
un morceau de bois servant à tordre la corde qui forme l'arbalete ; et le valet de derriere qui sert à
soutenir le poids, ou la bascule qui tient la chaîne tendue.
VAUTOIR, rateau répartissant les fils au moment du pliage de la chaîne.
VÉNITIENNE, s. f. (Soierie) étoffe d'abord fabriquée à Venise, et ensuite imitée en France. Il y
en a d'unies, de façonnées, avec de l'or et de l'argent, ou seulement avec de la soie ; c'est une
espece de gros-de-tours, dont la tissure est extrêmement fine
VERGE, instrument du métier des étoffes de soie ; la verge est une broche de bois, ronde et bien
unie, on s'en sert à divers usages pour le métier des étoffes de soie ; elles sont toutes de la
longueur de 2 piés et 1/2 environ.
VERGE, Voir Canne d'enverjure
VERGUIER, traverse inférieure ou supérieure, en bois, d’un cadre à lisses
VERGET, Tringlette en fer plat, supérieure ou inférieure, sur lesquelles sont enfilées les mailles
sur un cadre.