M
MAILLE, Voir Lisse
MAILLON, Petit ovale de verre ou métal ayant au moins 3 trous.
MAILLON, instrument du métier d'étoffe de soie. Le maillon est un anneau de verre de la
longueur d'un pouce environ ; il a trois trous, un à chaque bout, qui sont ronds, et dans lesquels
passent d'un côté la maille de corps pour suspendre le maillon, et à l'autre un fil un peu gros pour
tenir l'aiguille de plomb qui tient le tout en raison. Ces deux trous sont séparés par un autre de la
longueur d'un demi-pouce environ, au-travers duquel l'on passe un nombre de fils de la chaîne
proportionné au genre d'étoffe.
MAIN DE SOIE, (Soierie) ce sont quatre pantimes tordues ensemble. Voyez l'article
PANTIME.
MANCHON, Ensemble des cartons laçés de la mécanique Jacquard
MANUFACTURE, s. f. lieu où plusieurs ouvriers s'occupent d'une même sorte d'ouvrage.
MANUFACTURE, REUNIE, DISPERSEE. Tout le monde convient de la nécessité et de
l'utilité des manufactures, et il n'a point été fait d'ouvrage ni de mémoire sur le commerce général
du royaume, et sur celui qui est particulier à chaque province, sans que cette matiere ait été
traitée; elle l'a été même si souvent et si amplement, qu'ainsi que les objets qui sont à la portée de
tout le monde, cet article est toujours celui que l'on passe ou qu'on lit avec dégoût dans tous les
écrits où il en est parlé. Il ne faut pas croire cependant que cette matiere soit épuisée, comme elle
pourroit l'être, si elle n'avoit été traitée que par des gens qui auroient joint l'expérience à la
théorie; mais les fabriquans écrivent peu, et ceux qui ne le sont pas n'ont ordinairement que des
idées très-superficielles sur ce qui ne s'apprend que par l'expérience. Par le mot manufacture, on
entend communément un nombre considérable d'ouvriers, réunis dans le même lieu pour faire
une sorte d'ouvrage sous les yeux d'un entrepreneur ; il est vrai que comme il y en a plusieurs de
cette espece, et que de grands atteliers sur-tout frappent la vûe et excitent la curiosité, il est
naturel qu'on ait ainsi réduit cette idée ; ce nom doit cependant être donné encore à une autre
espece de fabrique ; celle qui n'étant pas réunie dans une seule enceinte ou même dans une seule
ville, est composée de tous ceux qui s'y emploient, et y concourent en leur particulier, sans y
chercher d'autre intérêt que celui que chacun de ces particuliers en retire pour soi-même. De-là on
peut distinguer deux sortes de manufactures, les unes réunies, et les autres dispersées. Celles du
premier genre sont établies de toute nécessité pour les ouvrages qui ne peuvent s'exécuter que par
un grand nombre de mains rassemblées, qui exigent, soit pour le premier établissement, soit pour
la suite des opérations qui s'y font, des avances considérables, dans lesquelles les ouvrages
reçoivent successivement différentes préparations, et telles qu'il est nécessaire qu'elles se suivent
promtement ; et enfin celles qui par leur nature sont assujetties à être placées dans un certain
terrein. Telles sont les forges, les fenderies, les trifileries, les verreries, les manufactures de
porcelaine, de tapisseries et autres pareilles. Il faut pour que celles de cette espece soient utiles
aux entrepreneurs. 1°. Que les objets dont elles s'occupent ne soient point exposés au caprice de
la mode, ou qu'ils ne le soient du moins que pour des varietés dans les especes du même genre.
2°. Que le profit soit assez fixe et assez considérable pour compenser tous les inconvéniens
auxquels elles sont exposées nécessairement, et dont il sera parlé ci-après. 3°. Qu'elles soient
autant qu'il est possible établies dans les lieux mêmes, où se recueillent et se préparent les
matieres premieres, où les ouvriers dont elles ont besoin puissent facilement se trouver, et où
l'importation de ces premieres matieres et l'exportation des ouvrages, puissent se faire facilement
et à peu de frais. Enfin, il faut qu'elles soient protégées par le gouvernement. Cette protection doit
avoir pour objet de faciliter la fabrication des ouvrages, en modérant les droits sur les matieres
premieres qui s'y consomment, et en accordant quelques privileges et quelques exemptions aux
ouvriers les plus nécessaires, et dont l'occupation exige des connoissances et des talens ; mais
aussi en les réduisant aux ouvriers de cette espece, une plus grande extension seroit inutile à la
manufacture, et onéreuse au reste du public. Il ne seroit pas juste dans une manufacture de
porcelaines, par exemple, d'accorder les mêmes distinctions à celui qui jette le bois dans le
fourneau, qu'à celui qui peint et qui modele ; et l'on dira ici par occasion, que si les exemptions
sont utiles pour exciter l'émulation et faire sortir les talens, elles deviennent, si elles sont mal
appliquées, très-nuisibles au reste de la société, en ce que retombant sur elles, elles dégoutent des
autres professions, non moins utiles que celles qu'on veut favoriser. J'observerai encore ici ce que
j'ai vû souvent arriver, que le dernier projet étant toujours celui dont on se veut faire honneur, on
y sacrifie presque toujours les plus anciens : de-là le peuple, et notamment les laboureurs qui sont
les premiers et les plus utiles manufacturiers de l'état, ont toujours été immolés aux autres ordres ;
et par la raison seule qu'ils étoient les plus anciens, ont été toujours les moins protégés. Un autre
moyen de protéger les manufactures, est de diminuer les droits de sortie pour l'étranger, et ceux
de traite et de détail dans l'intérieur de l'état. C'est ici l'occasion de dire que la premiere, la plus
générale et la plus importante maxime qu'il y ait à suivre sur l'établissement des manufactures, est
de n'en permettre aucune (hors le cas d'absolue nécessité) dont l'objet soit d'employer les
principales matieres premieres venant de l'étranger, si surtout on peut suppléer par celles du pays,
même en qualité inférieure. L'autre espece de manufacture est de celles qu'on peut appeller
dispersées, et telles doivent être toutes celles dont les objets ne sont pas assujettis aux nécessités
indiquées dans l'article ci-dessus ; ainsi tous les ouvrages qui peuvent s'exécuter par chacun dans
sa maison, dont chaque ouvrier peut se procurer par lui-même ou par autres, les matieres
premieres qu'il peut fabriquer dans l'intérieur de sa famille, avec le secours de ses enfans, de ses
domestiques, ou de ces compagnons, peut et doit faire l'objet de ces fabriques dispersées. Telles
sont les fabriques de draps, de serges, de toiles, de velours, petites étoffes de laine et de soie ou
autres pareilles. Une comparaison exacte des avantages et des inconvéniens de celles des deux
especes le feront sentir facilement. Une manufacture réunie ne peut être établie et se soutenir
qu'avec de très-grands frais de bâtimens, d'entretien de ces bâtimens, de directeurs, de contremaitres, de teneurs de livres, de caissiers, de préposés, valets et autres gens pareils, et enfin
qu'avec de grands approvisionnemens : il est nécessaire que tous ces frais se répartissent sur les
ouvrages qui s'y fabriquent, les marchandises qui en sortent ne peuvent cependant avoir que le
prix que le public est accoutumé d'en donner, et qu'en exigent les petits fabriquans. De-là il arrive
presque toujours que les grands établissemens de cette espece sont ruineux à ceux qui les
entreprennent les premiers, et ne deviennent utiles qu'à ceux qui profitant à bon marché de la
déroute des premiers, et réformant les abus, s'y conduisent avec simplicité et économie ; plusieurs
exemples qu'on pourroit citer ne prouvent que trop cette vérité. Les fabriques dispersées ne sont
point exposées à ces inconvéniens. Un tisserand en draps, par exemple, ou emploie la laine qu'il a
recoltée, ou en achete à un prix médiocre, et quand il en trouve l'occasion, a un métier dans sa
maison où il fait son drap, tout aussi-bien que dans un attelier bâti à grands frais ; il est à luimême, son directeur, son contre-maître, son teneur de livres, son caissier, etc. se fait aider par sa
femme et ses enfans, ou par un ou plusieurs compagnons avec lesquels il vit ; il peut par
conséquent vendre son drap à beaucoup meilleur compte que l'entrepreneur d'une manufacture.
Outre les frais que celui-ci est obligé de faire, auxquels le petit fabriquant n'est pas exposé, il a
encore le désavantage qu'il est beaucoup plus volé ; avec tous les commis du monde, il ne peut
veiller assez à de grandes distributions, de grandes et fréquentes pesées, et à de petits larcins
multipliés, comme le petit fabriquant qui a tout sous la vûe et sous la main, et est maître de son
tems. A la grande manufacture tout se fait au coup de cloche, les ouvriers sont plus contraints et
plus gourmandés. Les commis accoutumés avec eux à un air de supériorité et de commandement,
qui véritablement est nécessaire avec la multitude, les traitent durement et avec mépris ; de-là il
arrive que ces ouvriers ou sont plus chers, ou ne font que passer dans la manufacture et jusqu'à ce
qu'ils ayent trouvé à se placer ailleurs. Chez le petit fabriquant, le compagnon est le camarade du
maître, vit avec lui, comme avec son égal ; a place au feu et à la chandelle, a plus de liberté, et
préfere enfin de travailler chez lui. Cela se voit tous les jours dans les lieux, où il y a des
manufactures réunies et des fabriquans particuliers. Les manufactures n'y ont d'ouvriers, que
ceux qui ne peuvent pas se placer chez les petits fabriquans, ou des coureurs qui s'engagent et
quittent journellement, et le reste du tems battent la campagne, tant qu'ils ont de quoi dépenser.
L'entrepreneur est obligé de les prendre comme il les trouve, il faut que sa besogne se fasse ; le
petit fabriquant qui est maître de son tems, et qui n'a point de frais extraordinaires à payer
pendant que son métier est vacant, choisit et attend l'occasion avec bien moins de désavantage.
Le premier perd son tems et ses frais ; et s'il a des fournitures à faire dans un tems marqué, et qu'il
n'y satisfasse pas, son crédit se perd ; le petit fabriquant ne perd que son tems tout au plus.
L'entrepreneur de manufacture est contraint de vendre, pour subvenir à la dépense journaliere de
son entreprise. Le petit fabriquant n'est pas dans le même besoin ; comme il lui faut peu, il attend
sa vente en vivant sur ses épargnes, ou en empruntant de petites sommes. Lorsque l'entrepreneur
fait les achats des matieres premieres, tout le pays en est informé, et se tient ferme sur le prix.
Comme il ne peut guère acheter par petites parties, il achete presque toujours de la seconde main.
Le petit fabriquant achete une livre à la fois, prend son tems, va sans bruit et sans appareil
audevant de la marchandise, et n'attend pas qu'on la lui apporte : la choisit avec plus d'attention,
la marchande mieux, et la conserve avec plus de soin. Il en est de même de la vente ; le gros
fabriquant est obligé presque toujours d'avoir des entrepôts dans les lieux où il débite, et surtout
dans les grandes villes où il a de plus des droits à payer. Le petit fabriquant vend sa marchandise
dans le lieu même, ou la porte au marché et à la foire, et choisit pour son débit les endroits où il a
le moins à payer et à dépenser. nTous les avantages ci-dessus mentionnés ont un rapport plus
direct à l'utilité personnelle, soit du manufacturier, soit du petit fabriquant, qu'au bien général de
l'état : mais si l'on considere ce bien général, il n'y a presque plus de comparaison à faire entre ces
deux sortes de fabrique. Il est certain, et il est convenu aussi par tous ceux qui ont pensé et écrit
sur les avantages du commerce, que le premier et le plus général est d'employer, le plus que faire
se peut, le tems et les mains des sujets ; que plus le goût du travail et de l'industrie est répandu,
moins est cher le prix de la main-d’œuvre ; que plus ce prix est à bon marché, plus le débit de la
marchandise est avantageux, en ce qu'elle fait subsister un plus grand nombre de gens ; et en ce
que le commerce de l'état pouvant fournir à l'étranger les marchandises à un prix plus bas, à
qualité égale, la nation acquiert la préférence sur celles où la main-d’œuvre est plus dispendieuse.
Or la manufacture dispersée a cet avantage sur celle qui est réunie. Un laboureur, un journalier de
campagne, ou autre homme de cette espece, a dans le cours de l'année un assez grand nombre de
jours et d'heures où il ne peut s'occuper de la culture de la terre, ou de son travail ordinaire. Si cet
homme a chez lui un métier à drap, à toile, ou à petites étoffes, il y emploie un tems qui
autrement seroit perdu pour lui et pour l'état. Comme ce travail n'est pas sa principale occupation,
il ne le regarde pas comme l'objet d'un profit aussi fort que celui qui en fait son unique ressource.
Ce travail même lui est une espece de délassement des travaux plus rudes de la culture de la terre;
et, par ce moyen, il est en état et en habitude de se contenter d'un moindre profit. Ces petits
profits multipliés sont des biens très-réels. Ils aident à la subsistance de ceux qui se les procurent;
ils soutiennent la main d'œuvre à un bas prix : or, outre l'avantage qui résulte pour le commerce
général de ce bas prix, il en résulte un autre très-important pour la culture même des terres. Si la
main-d'œuvre des manufactures dispersées étoit à un tel point que l'ouvrier y trouvât une utilité
supérieure à celle de labourer la terre, il abandonneroit bien vîte cette culture. Il est vrai que par
une révolution nécessaire, les denrées servant à la nourriture venant à augmenter en proportion de
l'augmentation de la main-d'oeuvre, il seroit bien obligé ensuite de reprendre son premier métier,
comme le plus sûr : mais il n'y seroit plus fait, et le goût de la culture se seroit perdu. Pour que
tout aille bien, il faut que la culture de la terre soit l'occupation du plus grand nombre ; et que
cependant une grande partie du moins de ceux qui s'y emploient s'occupent aussi de quelque
métier, et dans le tems sur-tout où ils ne peuvent travailler à la campagne. Or ces tems perdus
pour l'agriculture sont très-fréquens. Il n'y a pas aussi de pays plus aisés que ceux où ce goût de
travail est établi ; et il n'est point d'objection qui tienne contre l'expérience. C'est sur ce principe
de l'expérience que sont fondées toutes les réflexions qui composent cet article. Celui qui l'a
rédigé a vû sous ses yeux les petites fabriques faire tomber les grandes, sans autre manoeuvre que
celle de vendre à meilleur marché. Il a vû aussi de grands établissemens prêts à tomber, par la
seule raison qu'ils étoient grands. Les débitans les voyant chargés de marchandises faites, et dans
la nécessité pressante de vendre pour subvenir ou à leurs engagemens, ou à leur dépense
courante, se donnoient le mot pour ne pas se presser d'acheter ; et obligeoient l'entrepreneur à
rabattre de son prix, et souvent à perte. Il est vrai qu'il a vû aussi, et il doit le dire à l'honneur du
ministere, le gouvernement venir au secours de ces manufactures, et les aider à soutenir leur
crédit et leur établissement. On objectera sans doute à ces réflexions l'exemple de quelques
manufactures réunies, qui nonseulement se sont soutenues, mais ont fait honneur à la nation chez
laquelle elles étoient établies, quoique leur objet fût de faire des ouvrages qui auroient pû
également être faits en maison particuliere. On citera, par exemple, la manufacture de draps fins
d'Abbeville ; mais cette objection a été prévenue. On convient que quand il s'agira de faire des
draps de la perfection de ceux de Vanrobais, il peut devenir utile, ou même nécessaire, de faire
des établissemens pareils à celui où ils se fabriquent ; mais comme dans ce cas il n'est point de
fabriquant qui soit assez riche pour faire un pareil établissement, il est nécessaire que le
gouvernement y concoure, et par des avances, et par les faveurs dont il a été parlé ci-dessus ;
mais, dans ce cas-même, il est nécessaire aussi que les ouvrages qui s'y font soient d'une telle
nécessité, ou d'un débit si assuré, et que le prix en soit porté à tel point qu'il puisse dédommager
l'entrepreneur de tous les désavantages qui naissent naturellement de l'étendue de son
établissement ; et que la main-d’œuvre en soit payée assez haut par l'étranger, pour compenser
l'inconvénient de tirer d'ailleurs les matieres premieres qui s'y consomment. Or il n'est pas sûr que
dans ce cas-même les sommes qui ont été dépensées à former une pareille fabrique, si elles
eussent été répandues dans le peuple pour en former de petites, n'y eussent pas été aussi
profitables. Si on n'avoit jamais connu les draps de Vanrobais, on se seroit accoutumé à en porter
de qualités inférieures, et ces qualités auroient pû être exécutées dans des fabriques moins
dispendieuses et plus multipliées.
MARCHE, La marche est la pédale en bois permettant d'actionner la mécanique Jacquard (donc
la lève des fils et l'ouverture de la foule), ainsi que l'avancée du régulateurs et autres accessoires
éventuels.
MARCHEUR, Accessoire facultatif commandé par la marche (pédale) et permettant de
repousser le battant vers l'arrière. Il est utilisé comme aide dans le cas d'un battant trés lourd ou
pour permettre une meilleure régularité dans le mouvement du battant pour des unis délicats
comme le taffetas.
MARCHURE, Voir foule, pas
MARLIE ou MARLI, s. m. (Art d'ourdiss. et soirie) le marli quoique fabriqué sur un métier, tel
que ceux qui servent à faire l'étoffe unie, néanmoins est un ouvrage de mode ou d'ajustement, qui
dérive de la gaze unie. On distingue deux sortes de marlis ; savoir, le marli simple et le marli
double, auquel on donne le nom de marli d'Angleterre. Le marli simple est monté comme la gaze,
et se travaille de même, avec cette différence néanmoins qu'on laisse plus ou moins de dents
vuides au peigne, pour qu'il soit à jour. Le marli le plus grossier est composé de 16 fils chaque
pouce ; ce qui fait 352 fils qui ne sont point passés dans les perles, et pareille quantité qui y sont
passés deux fois, en supposant l'ouvrage en demi-aune de large. Le marli fin est composé de 20
fils par pouce ; ce qui fait 440 fils passés en perle, et pareille quantité qui ne le sont pas. Une
chaîne ourdie pour un marli fin, doit contenir 880 fils seulement roulés sur une même ensuple ; et
le marli le plus grossier, 704 de même. Chaque dent du peigne contient un fil passé en perle, et
un fil qui ne l'est pas, quant à celles qui sont remplies, parce qu'on laisse des dents vuides pour
qu'il soit à jour. Suivant cette disposition, le marli grossier contient 9 points de ligne de distance
d'un fil à l'autre, et le marli fin, 7 points à peu près. Lorsque l'ouvrier travaille le marli, il passe
deux coups de navette qui se joignent, et laisse une distance d'une ligne et demie pour les deux
autres coups qui suivent de même, et successivement continue l'ouvrage de deux coups et en deux
coups ; de façon qu'il représente un quarré long ainsi qu'il est représenté par la figure du marli
grossier. Le marli plus fin est de 13 points environ, ce qui revient à-peu-près à une hauteur qui
forme le double de la largeur. Il semble que l'ouvrage auroit plus de grace, si le quarré étoit
parfait, mais aussi il reviendroit plus cher parce qu'il prendroit plus de trame. La soie destinée
pour cet usage n'est point montée, c'est-à-dire qu'elle est grese, ou telle qu'elle sort du cocon. Elle
est teinte en crud pour les marlis de couleur ; et pour ceux qui sont en blanc, on n'emploie que de
la soie grese, qui est naturellement blanche. On ne pourroit travailler ni le marli, ni la gaze, si la
soie étoit cuite ou préparée comme celle qui est employée dans les étoffes de soie. Le marli
croisé, ou façon d'Angleterre, est bien différent du marli simple. Il est composé d'une chaine qui
contient la même quantité de fils du marli grossier ; c'est-à-dire 704 environ, qui sont passés sur
quatre lisses, comme le taffetas, dont deux fils par dents de celles qui sont remplies, et à même
distance de neuf points de ligne au moins chaque dent. Cette chaine doit être tendue pendant le
cours de la fabrication de l'ouvrage, autant que sa qualité peut le permettre ; elle est roulée sur
une ensuple. Indépendamment de cette chaîne ; il faut un poil contenant la moitié de la quantité
des fils de la chaine, qui doit être roulé sur une ensuple séparée. Le poil contient 352 fils ; cette
quantité doit faire 704 perles, parce que les fils y sont passés deux fois. En les passant au peigne,
il faut une dent de deux fils de chaîne simplement, sans aucun fil de poil, de façon que le poil
ourdi ne compose que la moitié de la chaîne. La façon de passer les fils de poil dans les perles est
si singuliere, qu'il seroit très-difficile d'en donner une explication sans la démontrer. Le poil de
cet ouvrage doit être extraordinairement lâche, ou aussi peu tendu que le poil d'un velours, afin
que le fil puisse se prêter à tous les mouvemens qu'il est obligé de faire pour former la croisure ;
de sorte que le poids qui le tient tendu, et qui est très-léger, doit être passé de façon qu'il puisse
monter à fur et mesure qu'il s'emploie. Il faut quatre lisses à perle pour passer le poil ; savoir deux
demi-lisses et deux lisses entieres: ces quatre lisses doivent être attachées ou suspendues devant
le peigne, sans quoi la croisure ne pourroit pas se faire dans l'ouvrage, parce qu'elle seroit
contrariée par les dents de ce peigne. Ces quatre lisses, qui sont posées sur des lisserons
extraordinairement minces, sont arrêtées par une baguette de fer de la longueur de la poignée du
battant dans un espace de six lignes, ou un demi-pouce environ. Cette précaution est nécessaire,
afin que quand l'ouvrier a passé son coup de navette, et qu'il tire le battant à soi pour faire joindre
la trame, les lisses à perle qui dévancent le peigne ne soient pas arrêtées à l'ouvrage, et puissent
avancer et reculer de la même façon, et faire le même mouvement du peigne. Tous les fils de poil
doivent être passés dessous les fils de la chaîne, afin que les derniers puissent lever
alternativement pour arrêter la trame, sans contrarier le poil par la croisure ordinaire du taffetas
pendant le cours de la fabrication. Chaque lisse doit contenir 176 perles, tant celles qui sont
entieres, que celles qui ne le sont pas ; de façon que les quatre lisses doivent avoir la quantité de
704 perles ; ce qui fait le double des fils de poil, parce que chaque fil doit être passé
alternativement dans la perle d'une demi-lisse, et dans celle d'une lisse entiere. Les quatre lisses à
perle doivent être attachées de maniere qu'elles puissent lever comme celles d'un satin. Chacune
des lisses entieres doit être placée de façon que la perle se trouve entre les deux fils de la chaîne,
tant de ceux qui n'ont point de fil de poil dans le milieu, que de ceux qui en ont. Des deux fils de
poil qui sont dans une même dent entre les deux fils de chaîne, le premier à gauche doit être placé
dans la perle de la lisse entiere qui est entre les deux fils de la dent qui n'a que deux fils de chaîne
à gauche, et de-là être repassé dans la perle de la demi-lisse qui doit répondre aux deux fils de la
dent où sont les fils de poil. Le second fil de poil de la même dent doit être passé dans la perle de
la demi-lisse qui répond aux deux fils qui n'ont point de poil à droite, et de-là être repassé dans la
perle de la seconde lisse entiere à gauche. Chacun des fils de poil qui est passé dans la perle d'une
demi-lisse, doit passer sous le fil de la lisse entiere, tant à droite qu'à gauche, et embrasser sa
maille ; c'est ce qui fait la croisure. Le marli figuré ou croisé se travaille avec deux marches, sur
chacune desquelles on passe un coup de navette qui est la même, en observant de ne faire joindre
chaque coup de trame qu'autant qu'on veut donner de hauteur au carreau. La premiere marche fait
lever la premiere et la troisieme lisse de chaîne, et la deuxieme et troisieme lisse du poil. La
seconde marche fait lever la deuxieme et quatrieme de chaîne, et la premiere et quatrieme de poil,
ainsi en continuant par la premiere et deuxieme marche jusqu'au plein et la hauteur du carré,
quand le marli est à grands carreaux. On met une troisieme marche pour faire du plein, quand le
marli est à grands carreaux ; pour lors on passe une navette garnie d'une trame cuite de cinq à six
brins, six coups de suite ; savoir, le premier sur la premiere marche, le second sur la troisieme, le
deuxieme sur la troisieme marche, le troisieme coup sur la premiere, le quatrieme sur la
troisieme, le cinquieme coup sur la premiere, et le sixieme enfin sur la troisieme.
Cette troisieme marche fait lever les deux lisses entieres du poil, et deux lisses de la chaîne ;
différentes des deux que fait lever la premiere marche. C'est par inadvertance qu'on a inséré qu'on
laissoit des dents vuides au peigne pour que le marli fût à jour. Il est vrai que la chose pourroit
être possible si le peigne étoit fin, et qu'on n'en eût pas d'autre ; mais si on le faisoit faire exprès,
on le demanderoit avec le nombre de dents convenable, et suivant la quantité de fils dont la
chaîne est composée en observant que cette quantité de dents fût égale à celle de la moitié des
fils de la chaîne : comme par exemple, sur une chaîne de 704 fils, le peigne, ne doit contenir que
352 dents, ainsi des autres.
MASSE, Traverse inférieure du battant
MATRICE, Ensemble de 2 plaques d'acier d'un cm d'épaisseur, comportant un nombre de trous
égal à celui d'une mécanique Jacquard. L'une des plaques est fixée sur un socle de bois, tandis
que l'autre est amovible. On place un carton Jacquard vierge entre les deux plaques et l'on fait les
trous dans le carton à l'aide d'un emporte-pièce de même diamètre que les trous.
MATTEAU DE SOIE, terme de Marchand de soie ; le matteau de soie est composé de quatre,
cinq, six à huit échevaux ; on les tord et on les plie de façon qu'ils ne se dérangent point.
MECANIQUE JACQUARD, Inventée en 1804 par Joseph Marie Jacquard la mécanique
Jacquard est un appareil de lève des fils en bois comportant 104 ou 208 crochets pour l'armuré ou
plusieurs milliers pour le façonné et utilisant des cartons perforés. Par extension, toutes les
familles de mécaniques métalliques reprenant ce principe, telles les mécaniques Verdol, Vincenzi
et autres (la Vincenzi n'a pas une bonne réputation). Seul le canut, tisseur à bras fait une véritable
distinction entre ces machines réalisant la même fonction selon le même principe.
MEDEE, Espace de la chaîne compris entre le peigne et le corps de remisse.
MISE, Portion de chaîne
MISE EN BROCHE, Synonyme de Piquage en peigne
MISE EN CARTE, Opération qui consiste à reporter sur un papier quadrillé le dessin d'un tissu.
MISE EN CORDE, Disposition organisée pour servir de prolongement à une chaîne lorsqu'elle
arrive à sa fin
MONTAGE, Tout ce qui est relatif à l'organisation d'un métier
MOULINAGE s. m. (Soierie) c'est l'action de mouliner la soie. Voyez l'article SOIE.
MOULINIER, s. m. (Soierie) ouvrier qui s'occupe du moulinage des soies. Voyez l'article SOIE
MOUVEMENT A LA LEVE, une partie des fils de chaîne est soulevée, l’autre ne bouge pas.
MOUVEMENT A LA LEVE ET BAISSE, une partie des fils de chaîne est soulevée, l’autre est
abaissée.
MOUVEMENT EN RABAT ( ou à la baisse), une partie des fils de chaîne est abaissée, l’autre
ne bouge pas.
MUSETTE, Demi-portée ou 40 fils de chaîne pour la soierie
N
NAVETTE, s. f. terme de manufacture. Ce mot signifie une espece d'outil dont les Tisseurs,
Tissutiers ou Tisserands se servent pour former, avec un fil qu'elle renferme, de laine, de soie, de
chanvre, ou d'autre matiere, la trame de leurs étoffes, toiles, rubans, etc. ce qui se fait en jettant
alternativement la navette de droite à gauche, et de gauche transversalement entre les fils de la
chaîne qui sont placés en longueur sur le métier. Au milieu de la navette est une espece de creux
que l'on nomme la boîte ou la poche, quelquefois la chambre de la navette, dans lequel est
renfermé l'espoulle ou espolin qui est une partie du fil destiné pour la trame, lequel est devidé sur
un tuyau ou canon de roseau, qui est une espece de petite bobine sans bords, que quelques-uns
appellent buhot, et d'autres canette. Il y a des manufacturiers que l'on nomme ouvriers de la
grande navette, et d'autres, ouvriers de la petite navette. Les premiers sont les marchands maîtres
ouvriers en draps d'or, d'argent, de soie, et autres étoffes mêlangées, et les derniers, sont les
maîtres-Tissutiers-Rubaniers. Voyez TISSUTIER-RUBANIER. Voyez aussi à l'article
DRAPIER ou MANUFACTURIER EN LAINE, l'usage et la description de la navette
angloise.
NAVETTE PLATE, de buis comme la navette, mais de forme différente. Celle-ci est presque
ovale, percée comme celle-là d'outre en outre. L'ouverture en est plus petite que dans la navette
ordinaire, puisque le canon est aussi plus petit : elle en differe encore en ce que le côté par lequel
sort la trame, est garni d'une armure de fer dans toute sa longueur, et dont voici la nécessité.
Comme la plate navette fait l'office du battant en frappant continuellement contre la trame, elle
l'useroit trop vîte, outre qu'elle n'auroit pas même assez de coup, si elle n'étoit rendue plus
pesante par cette armure ; cependant, aux ouvrages extrêmement légers, et auxquels il suffit que
la trame soit seulement arrangée, on s'en sert sans être armée ; son usage est le même que celui de
la navette, et a le frapper de plus.
NOUAGE, Opération qui consiste à nouer, un par un, tous les fils d'une chaîne qui termine, à
ceux de la chaîne qui lui succède.
NOUVEAUTE, terme de modes ; ce qui est nouveau, ce qui n'a point encore paru. On appelle
ainsi au palais toutes ces nouvelles modes d'écharpes, de coiffures, de rubans, etc. que les
marchands y inventent et y étalent chaque jour, pour y satisfaire et y tenter le luxe et le goût
changeant et inquiet de l'un et l'autre sexe. Les Marchands d'étoffes d'or, d'argent et de soie,
donnent aussi le nom de nouveautés aux taffetas et autres légères étoffes qu'ils font faire tous les
ans pour les habits d'été des dames, et qui ordinairement ne plaisent guère au-delà des trois mois
qu'on donne à cette saison.
O
OREILLONS, Supports du rouleau arrière, fixés sur les deux pieds arrière du métier et
généralement réglables en hauteur par tige filetée.
ORILLONS, s. m. pl. (Soierie) machines mouvantes au moyen d'une coulisse, qui sert à élever
ou baisser la banquette ; on appelle ces orillons, orillons de dessus ; les orillons de derriere sont
des especes de tasseaux creusés, qui supportent les ensuples de chaîne et de poil.
OURDISSAGE, Opération qui consiste à former des nappes de fils d'un nombre et d'une largeur
donnée sur un ourdissoir, à partir de bobines. La chaîne une fois ourdie est pliée, c'est à dire
enroulée sur un rouleau (ensouple) puis fourni au canut.
OURDISSAGE DES SOIES, pour faire les chaînes des étoffes : il entre dans l'ourdissage deux
machines principales ; l'une est la cantre, et l'autre l'ourdissoir. La cantre est composée de trois
bandes de bois, larges d'environ 3 pouces, sur 1 pouce d'épaisseur, ajustées sur quatre piliers, et
asservies sur deux traverses égales, pour en faire une espece de table à jouer, d'environ 2 piés de
haut et 6 piés de long ; ces barres sont éloignées les unes des autres d'un pié. Chacune de ces
bandes de bois sont percées de côté, directement les unes devant les autres, dans la distance de 2
pouces d'éloignement : il y a 20 trous sur toute la longueur. On passe au-travers de chacun de ces
trous une broche de fer chargée de deux roquets garnis de soie, l'un d'un côté de la barre du
milieu, et l'autre de l'autre ; au-dessus de chacune des barres des roquets qui se trouvent dans les
deux côtés de la cantre, est élevé sur deux montans de bois une barre qui les traverse dans la
longueur ; l'une a 1 pié d'hauteur, et l'autre a 1 pié. A chacune de ces bandes sont attachées par
des ficelles, autant de petits anneaux de verre, qui correspondent directement à chacun des
roquets. On prend à chaque roquet le bout de la soie qui y est dévidée, et le passant par l'anneau
qui y correspond on les assemble, en les nouant ensemble par le bout pour n'en faire qu'un seul
corps des 40 bouts. L'ourdissoir est une grande cage, d'environ 6 piés de haut, de forme
cylindrique de 3, autant de circonférence environ, tournant dans une grenouille, sur un pivot qui
est attaché au pilier du centre de la cage, au haut du pilier de la cage est une broche de fer, autour
de laquelle tourne une corde. Cette cage est enfermée dans quatre piliers, fixés par deux
morceaux de bois mis en croix au-dessus et au-dessous de la cage ; la croix du dessous porte la
grenouille au point de sa réunion dans laquelle tourne le pivot qui porte toute la cage. La broche
de fer passe au travers du centre de la croix d'en-haut ; à cette broche de fer est attachée une
grosse corde à boyau tournée autour, laquelle en se développant par les tours de la cage, va se
rendre à un anneau de bois suspendu directement au haut de l'un des piliers qui enferme la cage,
et va chercher un morceau de bois quarré qui monte et descend le long de ce même pilier, appelé
plot, à fur et mesure que la cage déploie ou reploie la corde ; à ce plot sont attachées deux
broches de fer très-polies, d'environ 9 à 10 pouces de long, servant à diriger la soie qui se
distribue à mesure que la cage tourne en montant ou descendant. Au milieu de ce plot est une
poulie en bois, fixée par une cheville de verre. Au bas du pilier gauche de la fermeture de la cage
sont attachés deux morceaux de bois, d'environ 2 piés, à un pié et demi de distance, liés à leur
extrémité par un autre morceau de bois qui les assujettit : le morceau de bois supérieur est percé
d'un trou, au travers duquel passe l'axe d'une roue qui appuie sur le morceau de bois d'en bas, au
haut duquel axe est une manivelle qui sert à faire tourner la roue, autour de laquelle est une corde
de laine, qui embrassant toute la cage, sert à la faire tourner en tous sens par le moyen de la
manivelle. Il y a de plus au haut de la cage, une des traverses qui est amovible, au milieu de
laquelle, à l'extérieur, est placée une cheville ; la traverse de côté en tournant est encore amovible,
et porte aussi deux chevilles. Dans la partie inférieure de la cage il y a de même une autre
traverse qui est encore amovible, qui porte aussi deux chevilles : cette traverse peut se transporter
plus haut ou plus bas, suivant le desir de l'ourdisseuse. Ces chevilles servent comme nous l'allons
dire, à recevoir les commencemens et fins de la piece, et à en fixer les envergeures. L'ourdisseuse
ayant les bouts de soie ensemble à la sortie de la cantre, arrête le noeud sur la premiere cheville ;
et de-là, après avoir envergé sa brassée de soie, la met sur les deux chevilles qui suivent la
précédente, et tournant ensuite la manivelle de la petite roue qui fait mouvoir la cage, elle
distribue la brassée de soie sur l'ourdissoir, à proportion de l'aunage qu'elle veut faire ; ce qui se
connoît par le nombre de tours de l'ourdissoir : et quand elle est arrivée au point où elle le veut,
elle met une nouvelle traverse portant deux chevilles, autour desquelles elle tourne deux fois sa
brassée, et en faisant mouvoir la cage en sens contraire, elle remonte sa brassée jusqu'aux deux
chevilles d'en-haut, où elle renverge de nouveau fil par fil, et ensuite descend et remonte jusqu'à
ce qu'elle ait fait le nombre de portées qu'il lui faut pour composer la chaîne, ce qui est arbitraire,
et elle en arrête la fin par un noeud, comme elle a fait lorsqu'elle a arrêté le commencement sur la
premiere cheville. La chaîne étant entierement distribuée sur l'ourdissoir, l'ourdisseuse arrête
l'envergeure par une ficelle qu'elle passe aux soies divisées par les deux chevilles du haut de
l'ourdissoir. On commence à lever la chaîne de dessus l'ourdissoir par la partie qui en doit faire la
fin, qui se trouve arrêtée à la cheville d'en-bas, et prenant la poignée de soie qui s'y trouve, on en
fait une boucle en forme de chaîne, et continuant ainsi de boucle en boucle jusqu'au haut de
l'envergeure : quand on y est arrivé, on l'arrête et elle se trouve en état d'être mise sur l'ensuple.
OURDISSOIR, Appareil servant à pratiquer l'ourdissage. Différents types d'ourdissoirs furent
utilisés au fil du temps : manuel ou mécanique, vertical ou horizontal il s'agit toujours d'un
tambour sur lequel on prépare la chaîne avant le pliage (disposition sur le rouleau arrière du
métier).
OURDISSOIR, s. m. terme de Tisserand, etc. espece de machine dont les Tisseurs, Tisserands et
Tissutiers se servent pour ourdir les chaînes de leurs étoffes, toiles, futaines, basins, etc. Il y a des
ourdissoirs que l'on appelle tours, qui sont en façon de dévidoir, ou petits moulins tournans
debout sur un pivot ; d'autres sont stables et sans mouvement, composés de deux pieces de bois
placées debout, un peu en talus contre la muraille, à certaine distance l'une de l'autre, auxquelles
sont attachées plusieurs chevilles du haut en bas.
(D. J.)
OURDISSOIR, chez les faiseurs de gaze ; c'est une espece de moulin de 6 piés de haut. Ce
moulin est composé d'un chassis à quatre piliers, et autant de traverses en haut et en bas, et d'un
axe posé perpendiculairement au milieu de ce chassis. Cet axe a 6 grandes aîles autour desquelles
on ourdit la soie destinée à faire la chaîne de la gaze. Voyez GAZE.
OURDISSOIR ROND ou moulin, (Soierie) c'est la machine propre à ourdir tout ce qui compose
les chaînes : on en trouvera la description à l'article OURDISSAGE qui précede.
OURDISSOIR LONG, qui n'est guere d'usage que pour les Frangers ; c'est un chassis de bois,
composé de deux montans de 6 piés de haut, et de deux traverses de pareille longueur,
emmortaisées les unes dans les autres, que l'on applique d'à-plomb contre un mur ; les deux
montans sont garnis de quantité de chevilles boutonnées, faites au tour, et placées d'espace en
espace à distance égale et parallele, pour porter les soies que l'on ourdit. Sur la barre de traverse
d'en-haut, à la distance de 18 pouces, il y a deux pareilles chevilles pour l'encroix. Voici à-présent
la façon d'ourdir. La soie qui est destinée pour composer les têtes des franges, est contenue sur
des rochets ou bobines, lesquels rochets sont portés dans les différentes broches de la coulette ou
rateau ; l'ourdisseur attache les bouts desdites soies à la premiere cheville du côté de l'encroix,
puis il conduit lesdites soies jusque sur les chevilles de l'encroix qui sont tout proche, où étant, il
encroise ; c'est-à-dire qu'il passe un brin de ses soies sur une cheville, puis sous l'autre, et ainsi
tant qu'il y en a, mais toujours en sens contraire. Après cette opération, il continue à conduire les
soies sur chacune des chevilles, et cela autant que l'on veut donner de longueur à la piece de
chaîne, puisque chaque longueur entre les chevilles est d'une aune et demie. Ainsi si l'on veut
avoir une piece de 36 aunes de long, il faudra occuper 12 chevilles à droite et 13 à gauche ;
puisque l'on doit concevoir aisément que chaque allée et revenue de l'ourdisseur composera 3
aunes : il faut une cheville de plus d'un côté pour venir terminer du côté de l'encroix, toujours
dans la supposition de 36 aunes ; au lieu que si l'on terminoit de l'autre côté, on auroit une
longueur qui ne seroit que de moitié. Etant donc parvenu à cette 13e cheville, qui fait la
terminaison des 36 aunes, on remonte par le même chemin pour arriver jusqu'à l'encroix, où étant
on encroise encore comme on a fait la premiere fois, et cela autant de fois qu'il est nécessaire,
suivant la consistance que l'on veut donner à la chaîne : desorte qu'il faut toujours venir terminer
à l'encroix. Supposant donc que je veuille donner 40 brins à une tête de frange, et que l'on
ourdisse à 2 rochets, il faudra donc 10 descentes et 10 remontées pour composer lesdits 40 brins.
Les soies ainsi ourdies, et à la derniere remontée, coupées et fixées à la cheville où l'on a
commencé, il faut passer un fil dans l'extrémité de l'encroix, c'est-à-dire qu'il faut qu'un bout du
fil passe d'un côté et d'autre, et cela pour conserver l'en-croix ; sans cette précaution, tous les
brins se confondroient et ne formeroient qu'une confusion indébrouillable. Ce fil ainsi passé, et
noué par les deux bouts, on prend le bout de la piece que l'on releve de dessus l'ourdissoir en la
mettant sur une ensuple, qui servira à mettre sur le métier pour l'employer. Toutes ces machines
ont pour but de fixer la longueur des chaînes, et d'encroiser les brins de fil dont on les compose. Il
seroit à souhaiter que quelque habile Méchanicien songeât à donner à cette invention l'unique
perfection qui lui manque ; ce seroit de former la mesure et l'encroix de la chaîne, en tournant
toujours dans le même sens ; ce que je ne crois aucunement difficile : on a bien imaginé ce
moyen dans le mouton à enfoncer les pieux.
ORGANSIN, s. m. (Soierie) sorte de soie qui s'emploie dans les étoffes de soie. L'organsin est
une soie montée ou tordue à deux, trois, à quatre brins ; on l'appelle organsin pour la distinguer
d'avec la trame, en ce qu'elle sert communément pour la chaîne des étoffes ; et que pour cet effet
on la perfectionne davantage et on lui donne plus de filage et du tord, afin qu'elle ait plus de
corps, la chaîne étant ce qui souffre le plus dans la fabrication de l'étoffe. Voyez à l'article SOIE
le moulinage de la soie. L'organsin destiné à la fabrication de l'étoffe unie, doit être sans
contredit le plus fin que l'on puisse préparer dans cette qualité de soie ; le fabriquant connoît à
l'oeil celui qui est propre à la fabrication de l'étoffe façonnée, tant dans celle qui est riche que
dans celle qui ne l'est pas, parce que dans l'autre on n'achete que le goût, qui se trouve
ordinairement dans la perfection du dessin, parce que l'un ne peut pas être sans l'autre. L'étoffe de
goût ne se paye point relativement à la quantité ou qualité de la soie, mais autant qu'elle plaît. Il
n'en est pas de même de l'étoffe unie, dans laquelle la matiere doit être ménagée attendu la
modicité de son prix : la matiere premiere dont elle est composée étant celle de l'organsin, il faut
savoir le choisir afin de distinguer la légereté qui convient au genre d'étoffe que le fabriquant se
propose de faire exécuter ; et pour qu'il ne se trompe pas dans son calcul il en fait un essai, lequel
en déterminant la qualité de la matiere détermine également le prix, attendu que plus un organsin
est sin plus il est cher. La qualité des organsins fins est depuis 18 deniers jusqu'à 48. On ne
compte pas au-dessus, les organsins même de 18 deniers ne servent que pour les étamines ou
camelots mi-soie qui se fabriquent à Amiens ou à Rheims, leur trop grande finesse leur
empêchant de résister au travail d'une étoffe unie, c'est pourquoi les fabriquans qui les emploient
dans les étamines ou les camelots, les font monter au moulin avec un fil de laine pour qu'ils aient
plus de consistance. Les organsins de 24 deniers, 28, etc. jusqu'à 48 deniers, sont à proprement
parler ceux qui sont destinés pour l'étoffe unie ; il s'agit de distinguer le poids pour ne point
tomber dans l'erreur. Chaque ballot d'organsin de tirage (on donnera l'explication d'organsin de
tirage dans le moulinage des soies) doit être d'une qualité uniforme quant au poids. Le fabriquant
qui a besoin d'un organsin de 24 deniers, par exemple, prend dans un ballot un matteau au hasard
pour en faire l'essai, il choisit dans le matteau une flotte ou écheveau qu'il fait dévider ; cette
opération faite il fait ourdir une longueur de soixante aunes par vingt fils seulement ; cette partie
étant ourdie il la leve de l'ourdissoir et la pese au trébuchet ; si elle pese 3 deniers ou un gros,
pour-lors l'organsin est de 24 deniers ; si elle pese 4 deniers, il est de 32 ; si elle pese 6 deniers ou
deux gros, l'organsin est de 48 deniers. Il résulte de cette opération que l'essai forme
ordinairement par son poids la huitieme partie de la qualité de l'organsin, et cela parce que les
pieces ou chaînes des étoffes unies tirant ordinairement 120 aunes, à l'ourdissage chaque portée
dont la chaîne est composée doit peser huit fois le poids de son essai, puisque la portée est de 80
fils, ce qui fait le quart quant à l'essai, et la longueur de 120 aunes, ce qui fait un second quart de
diminution sur la longueur, conséquemment une huitieme partie sur le tout.
ORGANSIN DE SAINTE-LUCIE, (Soierie) c'est l'organsin que les marchands françois tirent
de Messine en Sicile. Cet organsin est fort estimé, et quantité de fabriques de France ne peuvent
s'en passer, particulierement à Paris, celles des ferrandines, des moëres unies, et des grisettes. On
en fait aussi les chaînes des ras de S. Maur qui se fabriquent en cette capitale.
P
PANAIRE, s. m. (Soierie) instrument du métier d'étoffe de soie. C'est une peau de bazanne qui
couvre l'envers de l'étoffe. Le panaire sert à garantir l'étoffe à mesure qu'on la roule sur l'ensuple
de devant le métier ; il est de veau sans couleur, plié en double ; on l'attache à chaque bout avec
une ficelle, à l'un desquels pend un contrepoids afin que l'ouvrier puisse le lever quand il veut.
PANAIRE, Morceau de peau servant à protéger l'étoffe durant le tissage au niveau du rouleau
avant, là où le ventre du canut peut entrer en contact avec la pièce de tissu.
PANTINE, s. f. (Soie et Laine) c'est un assemblage plus ou moins considérable d'échevaux, à
proportion de leur grosseur. De pantine on a fait pantener. Pantener, c'est attacher des bouts de
fil aux pantines, pour empêcher qu'elles ne se mêlent.
PANTIME, Réunion de plusieurs flottes de soie
PAS, Voir marchure
PAS FAILLI, Défaut de tissage qui se présente dans toute la largeur du tissu lorsque par
exemple un cadre ou lisse n’a pas levé ou a levé de travers.
PASSETTE, s. f. (Ouvriers en soie) c'est un très-long fil de laiton tourné en spirale, qui forme
par ce moyen une continuité d'anneaux de trois à quatre lignes de diametre ; chaque tour de la
spirale n'est éloigné de son plus proche que de demi-ligne seulement, et quelquefois moins. Cette
spirale est fixée sur un menu morceau de bois rond et un peu applati de son côté, par un fil
contrelacé dans chacun des anneaux, et qui tourne à l'entour de la passette ; les bouts de ce
morceau de bois doivent excéder d'un pouce de chaque côté ; ils doivent aussi être fendus
perpendiculairement dans toute leur épaisseur, pour recevoir de chaque bout une menue ficelle
qui sert à la suspendre à volonté, soit en l'attachant aux traverses du mêtier, ou aux potenceaux ;
son usage est de tenir les soies de la chaîne écartées à mesure qu'elles se déroulent de dessus les
ensuples de derriere, pour éviter qu'elles ne se confondent toutes ensemble ; ce qui se fait de cette
façon. On met plusieurs brins de soie de la chaîne, mais en petite quantité, dans chaque intervalle
que laisse entr'eux les anneaux de la passette ; ce qui se continue ainsi jusqu'au bout ; pour cela
on tient la passette un peu plus exhaussée que le propre niveau de la chaîne, en la faisant glisser
en-haut le long des deux ficelles qui la suspendent ; ce qui étant fait, on passe une aiguille de
même fil de léton, mais droite dans les anneaux de la passette, en observant que ladite aiguille
passe pardessus, et non par-dessous les soies que la passette contient ; le bout de cette même
aiguille est bouclé par l'un de ses bouts, pour empêcher qu'elle ne puisse traverser la passette
d'outre en outre. Ensuite on descend cette passette au niveau à-peu-près des ensuples de derriere ;
elle sert par ce moyen à disposer les soies ainsi écartées à se présenter aux lisses ou lissettes, et
cela sans confusion ; il y a quelquefois quatre ou plus de passettes ensemble, mais diversement
disposées, suivant la quantité des différens corps de chaîne nécessaires à l'ouvrage. Voyez les Pl.
du Passementier.
PASSETTE à passer en peigne, (Ouvriers en soie) est une petite plaque de cuivre, ou même de
fer-blanc très-mince, arrondie et échancrée par les bouts ; l'arrondissement y est nécessaire pour
que les angles de cette passette ne soient point en risque de casser, d'écorcher les dents du peigne
à-travers lequel il faut qu'elle passe ; la petite échancrure y est encore plus nécessaire, puisque
c'est ce qui constitue l'unique usage de ce petit outil. Voici cet usage : lorsque l'ouvrier veut
passer en peigne les soies de la chaîne, qu'il a auparavant passées en lisses ou en lissettes, et dont
il a laissé passer un bout capable d'excéder le battant qui porte le peigne, il est question de les
passer en peigne ; ce qu'il fait de cette maniere. Après avoir décidé de la largeur de son ouvrage
par la quantité de dents qu'il doit occuper, une autre personne qui lui aide, et qui peut être assise
sur le siége, dans la posture à-peu-près de celle qui devroit travailler, introduit la passette dans la
premiere dent du peigne que l'ouvrage doit contenir ; l'ouvrier qui passe, et qui est debout devant
le côté droit du métier, insere dans cette échancrure de la passette, la quantité nécessaire de brins
de soie de la chaîne, et cela par-derriere le battant qui est le devant des lisses ; son aide tire à soi
la passette, et ce qu'elle contient avec la main droite, les soies qui sont assez longues pour
excéder le battant, sont reçues par la main gauche qui les tient en reserve, jusqu'à ce que le tout
soit ainsi passé. La passette après ce premier passage est mise dans la dent d'à côté de celle-ci, en
tirant toujours du côté droit, et ainsi alternativement jusqu'à la fin de cette opération. Cette
passette n'est destinée qu'à ce seul et unique usage.
PEDONNE, s. f. (Manufact. en soie) petit bouton d'ivoire ou de buis attaché au bout du fer rond
du velours frisé, et qui dans le velours coupé, se met alternativement au bout de chaque virgule de
laiton. Voyez nos Planches de soierie.
PEIGNE, Pièce du métier : réunion de fines lames métalliques disposées comme les dents d'un
peigne et encochées dans un bâti. Entre ces dents passent les fils de la chaîne. Le peigne sert à
maintenir la chaîne dans la largeur du tissu et à les tenir parallèles et à égale distance les uns des
autres. Il sert également, lors du coup du battant qui le supporte, à tasser la trame contre la façure
du tissu.
PEIGNE, instrument du métier d'étoffes de soie. Le peigne est un petit cadre de deux pouces et
demi de hauteur sur la longueur dont on veut la largeur de l'étoffe, il est garni de petite dents qui
sont faites en acier bien poli, ou de la pellicule du roseau ; les baguettes qui forment le cadre dans
la hauteur du peigne, sont liées avec un fil pour tenir les dents en raison. Le travail des peignes
pour la manufacture d'étoffes d'or, d'argent et de soie. La façon dont les peignes sont faits étant
suffisamment démontrée dans l'article de Passementerie, voyez les Planches, on ne donnera
l'explication que de ceux qui sont faits avec du fil de fer, lesquels sont appellés communément
peignes d'acier. Pour fabriquer les peignes de cette espece, on choisit du fil de fer proportionné à
la largeur de la dent qui convient, et à son épaisseur, le nombre des dents de peigne pour les
étoffes étant depuis douze et demi jusqu'à trente de compte, ce qui signifie depuis 500 dents
jusqu'à 1200 dans une même largeur de 20 pouces environ. Il est évident que plus un peigne est
fourni des dents, plus elles doivent être minces et étroites, conséquemment que le fil de fer doit
être proportionné. On passe ce fil de fer sous la meule, c'est-à-dire, entre deux rouleaux d'acier
semblables à ceux qui servent à battre ou écacher l'or et l'argent. Quand le fil de fer est applati
jusqu'au point convenable, on le passe dans une filiere de mesure pour la dent qu'on desire, qui ne
lui laisse que sa largeur et son épaisseur, après quoi on coupe le fil de fer de la longueur de 9
pouces ou de trois dents ; on met ces parties dans un sac de peau avec de l'émeri et de l'huile
d'olive, ensuite on le roule sur une grande table où elles se polissent. L'opération finie, on coupe
ces parties à trois pouces de longueur, et on monte le peigne de la même façon que ceux dont les
dents sont de roseau. Mais comme les peignes de cette espece seroient éternels, pour ainsi dire,
s'ils ne manquoient pas par le lien, qui n'est qu'une quantité de fils poissés, plus ou moins grosse,
selon la largeur ou le resserrement qu'il faut donner à la dent ; les Anglois ont trouvé le secret de
les faire aussi justes sans se servir de liens ni de jumelles, qui sont deux baguettes entre lesquelles
les dents sont arrêtées avec le fil. Cette façon de monter les peignes est d'autant plus singuliere,
qu'ils en ont encore plus d'égalité, le défaut ordinaire des peignes d'acier étant de n'avoir pas les
dents rangées aussi également que l'etoffe l'exigeroit, soit par le défaut de l'inégalité du fil, soit
par celui qui le fait, qui ne frappe pas avec la même justesse. Quand les Anglois veulent monter
un peigne de quelque compte qu'on le desire, ils ont soin d'avoir autant de dents de refente que de
dents ordinaires pour le peigne, toutes du même calibre ; on donne le nom de dents de refente à
celles qui n'ont que deux pouces de longueur, et celui de dents ordinaires, à celles qui en ont
trois, parce que les deux jumelles en retiennent ordinairement un demi-pouce de chaque côté. Sur
une bande de fer polie de deux pouces moins deux ou trois lignes de large, et de longueur de deux
piés plus ou moins, ils commencent à poser de champ une dent ordinaire et une dent de refente, et
continuent alternativement jusqu'à ce que le nombre de dents que le peigne doit avoir soit
complet, ayant soin de laisser un demi-pouce de chaque côté entre les dents ordinaires pour celles
de refente. Le nombre de dents complet, on le resserre avec une vis, jusqu'au point de jaune
ordonné pour la largeur des étoffes, qui ordinairement est de 20 pouces pour celles qui sont des
plus riches et des plus en usage. Les dents étant bien arrêtées, ils bordent un côté avec de la terre
battue, de façon qu'ils puissent jetter une composition d'étain et de cuivre à un demi-pouce
d'élevation, et arrêter toutes les dents ordinaires qui se trouvent prises dans la matiere. Ce côté
fini, ils font la même opération de l'autre, après quoi ils lâchent la vis, qui donne la liberté aux
dents de refente de tomber et de laisser un vuide de la largeur de leur calibre, après quoi ils
polissent et unissent ou égalisent des deux côtés la composition, qui, par la façon dont on vient
d'expliquer, ne retient que les dents dont la longueur étoit supérieure à celles de refente. Il n'est
pas possible de faire des peignes plus justes, et s'il se trouvoit quelques défauts dans ceux-ci, ce
ne seroit que dans le cas où la dent de refente ne seroit pas de calibre, ce qui ne sauroit arriver.
Avant cette derniere façon de faire les peignes justes, il arriveroit que l'inégalité des dents
causeroit un défaut essentiel dans l'étoffe fabriquée, sur-tout dans l'unie ; en ce que l'étoffe
fabriquée rayoit dans sa longueur, ce qui ne se rencontroit pas dans le peigne de canne ou roseau
travaillé de même, attendu que dans ce dernier la flexibilité de la dent se trouve rangée par
l'extension du fil de la chaîne ; au lieu que la roideur de cette même dent dans le premier,
rangeant les fils avec la même inégalité qui lui est commune, il s'ensuit un défaut irréparable ; de
façon qu'il convient beaucoup mieux pour la perfection de l'étoffe, que la chaîne range la dent du
peigne, que si cette même dent range la chaîne.
PELUCHE, ou PLUCHE, s. f. (Fabrique) étoffe veloutée du côté de l'endroit, composée d'une
treme d'un simple fil de laine, et d'une double chaîne, dont l'une est de laine, de fil retors à deux
fils, et l'autre de fils de poil de chevre. La peluche se fabrique de même que les velours et les
pannes, sur un métier à trois marches. Deux des marches séparent et font baisser la chaîne de
laine, et la troisieme fait lever la chaîne de poil ; alors l'ouvrier lance ou jette la treme, et la fait
passer avec la navette entre les deux chaînes de poil et de laine, mettant ensuite une broche de
léton sous celle de poil sur laquelle il la coupe avec un instrument destiné à cet usage, que l'on
appelle communément couteau ; ce qu'il fait en conduisant le couteau sur la broche, qui est un
peu cavée dans toute sa longueur ; et c'est ce qui rend la surface de la pluche veloutée. Quelquesuns prétendent que l'invention de la pluche soit venue d'Angleterre ; d'autres veulent qu'elle ait
été tirée de Hollande, particulierement de Harlem. Quoiqu'il en soit, il est certain que ce n'est
guere que vers l'année 1690, qu'on a commencé d'en fabriquer en France. (D. J.)
PELUCHE, s. f. (Soierie) c'est une sorte d'étoffe toute de soie, dont le côté de l'endroit est
couvert d'un poil un peu long ; cette espece de peluche se manufacture sur un métier à trois
marches, ainsi que les autres peluches, les velours et les pannes. Sa chaîne et son poil doit être
d'organsin filé et tordu au moulin, sa treme de pure et fine soie, et la largeur d'onze vingtquatriemes d'aune. Il se fabrique encore une autre espece de peluche, toute de soie, qui a du poil
des deux côtés, dont l'un, qui est celui de l'endroit, est court et d'une couleur ; et l'autre, qui est du
côté de l'envers, est plus long et d'une autre couleur : cette derniere sorte de peluche est
extraordinaire, et de très-peu d'usage.
PENDAGE, Consiste à pendre sommairement les maillons aux arcades, par une boucle
provisoire nommée nœud de pendage.
PERLE, (Gazerie) on appelle perles, en termes de fabrique de gaze, de petits globes d'émail
percés par le milieu, avec une petite queue ouverte ; cette queue sert à les attacher aux lisses, et le
trou du milieu à y passer les soies de la chaîne ; de toutes les étoffes de soie il n'y a que la gaze
qui se fasse à la perle.
PIECE, Chaîne entière, tissée ou non
PINCES, instrumens du métier des étoffes de soie. Les pinces sont un petit outil de fer à deux
branches repliées l'une contre l'autre, bien limées, et qui se rencontrent juste lorsqu'on appuie les
doigts pour les serrer ; elles servent à nettoyer les étoffes à mesure qu'elles se fabriquent, ou
quand elles sont fabriquées. La pince est encore un outil propre à couper le poil du velours, à
mesure qu'il se fabrique.
PINCE, Lame tranchante faisant partie du rabot pour couper le velours. Par la suite, la pince,
était remplacée dans le rabot par un fragment de lame de rasoir (Gilette)
PINCETTES, Outil à deux branches faisant ressort (pinces). L'autre coté est une sorte de
poinçon (épluchoir). Utilisé pour détisser par exemple
PIQUAGE AU PEIGNE, Passage des fils de chaîne dans les dents du peigne.
PLANCHE A COLLETS, Planche percée supportant les crochets de la mécanique et dont les
trous servent au passage des collets
PIVOT, troisieme chaîne du droguet de soie ; le pivot est une chaîne perdue dans le droguet qui
s'emboit beaucoup plus que les autres chaînes.
PLATINE, Lingot de fer d'une épaisseur d'environ 1 cm et variable de dimension, percé à une
extrémité et utilisé comme poids pour tirer un élément vers le bas en le plombant. Par exemple
une platine est fixée en bas de chaque extrémité des cadres de mailles par l'intermédiaire d'une
petite cordelette.
PLOT, Pièce de l'ourdissoir vertical coulissant sur un montant vertical et guidant les fils dans
leur enroulement sur le tambour.
POIGNEE, Partie supérieure mobile du battant qui recouvre le peigne
POIL DE VELOURS ; on appelle poil de velours, la chaîne qui sert à faire la barbe du velours.
Voyez FABRIQUE DE VELOURS.
POIL des étoffes en soie et en dorure ; on appelle poil des étoffes de soie, la chaîne qui sert à
faire le figuré des étoffes où l'on en a besoin, ou celle qui sert à lier les dorures.
POINÇON, (Soierie) pointe de fer qui sert à piquer les ensuples, afin d'y mettre les pointes
d'aiguille
POINTICELLE, s. m. (Soierie) petite broche qui retient la cannette dans la navette ou l'espolin.
PONTEAU, s. m. terme d'une piece du métier d'étoffe de soie. Le ponteau n'est autre chose qu'un
bois rond, échancré, ou coché à chaque bout, qui sert à fixer et arrêter le bois du métier pour le
rendre solide : pour cet effet, on en met un certain nombre qui touchent d'un bout à l'estase du
métier, et de l'autre au plancher contre quelque solive, et on les fait entrer de force pour buter les
uns contre les autres.
PONTEAU d'appui , Les ponteaux, permettent de caler les métiers et rejoignent les estases,
traverses supérieures longitudinales et horizontales.
PONTELER, Fixer solidement un métier à tisser en le reliant les estases aux murs et/ou au
plafond par despontaux, poteaux de bois (plus ou moins 7 cm x 7 cm) afin de supprimer les
vibrations ou déplacements intempestifs. Certains tissus nécessitent l'utilisation d'un battant de 50
kg et plus et d'une frappe violente (coup de battant sur la façure).
PONTELER, v. act. (Soierie) poser les ponteaux, pour monter la charpente du métier.
PORTEE, s. f. (Manufacture de soierie) Ce mot signifie, comme dans la manufacture de
lainages, un certain nombre de fils de soies, qui font une portion de la chaîne d'une étoffe ; en
sorte que lorsque l'on dit qu'un taffetas de onze vingt-quatrièmes d'aune de largeur entre les
lisieres, aura vingt-quatre portées de vingt-quatre fils chacune, cela doit s'entendre que toute la
chaîne qui est employée à faire ce taffetas, doit être composée de dix-neuf cent vingt fils. En fait
de velours, les portées se distinguent en portées de poil, et en portées de chaîne. Un velours à
trois poils doit avoir soixante portées de chaîne, et chacune de ces portées doit être de quatrevingt fils. Les portées que doivent avoir toutes sortes de velours, taffetas, et tabis, suivant leurs
différentes largeurs, especes et qualités, sont réglées par les statuts des ouvriers en draps d'or,
d'argent et de soie, des villes de Paris, Lyon et Tours, faits en 1667 ; on y devroit changer bien
des choses.
PORTE-ROSTEINS, instrument du métier d'étoffe de soie. Les porte-rosteins sont des bois
ronds de la longueur d'un pié, d'un pouce de diametre ; on les cloue aux piés de métier de
derriere; ils entrent de pointe dans le rostein, sur lequel est la cordeline ; elle se dévide à mesure
que l'étoffe se fabrique, le rostein ayant la liberté de tourner sur le porte-rostein, et étant fixé
seulement par un contrepoids qui monte à mesure que le rostein tourne. Le rostein sert aussi pour
le cordon.
PRISONNIERES, s. m. pl. (Soierie) étoffes de soie très-minces qui imitent la gase.
PAPIER-REGLE, (Manufacture en soie) pour les desseins d'étoffes, de rubans et galons, c'est
du papier imprimé d'après une planche gravée, qui représente seulement un nombre infini de
lignes perpendiculaires, toutes coupées par des lignes horisontales sans nombre, ce qui forme une
très-grande quantité de quarrés parfaits ; voici comme la chose s'exécute. On prend une mesure
de cinq ou six lignes, plus ou moins, suivant la grosseur ou la finesse que l'on veut donner au
papier, par ces mesures répétées tant que la planche le peut permettre, tant perpendiculairement
qu'horisontalement, on tire des lignes qui donnent par conséquent cinq à six lignes en quarré ; ces
quarrés sont à leur tour traversés à égales distances par neuf autres lignes, mais beaucoup plus
déliées que les premieres, ce qui forme cent petits quarrés égaux dans chaque quarré qui est
marqué par une ligne plus forte, et c'est ce qu'on appelle papier de dix en dix, pour le distinguer
de celui qui sert aux Gaziers, et qui est appellé de huit en dix, parce que chaque quarré n'en
contient que quatre-vingt petits. On se sert de papier d'une extrême finesse pour les desseins que
j'ai appellé représentatifs, voyez PATRON, parce qu'il est plus aisé de donner le contour que l'on
souhaite sur ce papier fin, les angles qui terminent chaque quarré étant moins sensibles ; le papier
plus gros étant reservé pour les desseins ou patrons, que j'ai appellé au même article desseins
démonstratifs : voici la façon dont on se sert pour dessiner sur ce papier. On emplit d'encre tous
les petits quarrés qui exprimeront les figures du dessein, qui sont toujours quelques figures
d'ornemens, ou de fleurs, même de figures humaines ; les points qui restent blancs marquent les
découpés desdites figures, et expriment par conséquent le fond.
PEDONNE, s. f. (Manufact. en soie) petit bouton d'ivoire ou de buis attaché au bout du fer rond
du velours frisé, et qui dans le velours coupé, se met alternativement au bout de chaque virgule de
laiton. Voyez nos Planches de soierie.
PORTEE, s. f. (Manufacture de soierie) Ce mot signifie, comme dans la manufacture de
lainages, un certain nombre de fils de soies, qui font une portion de la chaîne d'une étoffe ;
ensorte que lorsque l'on dit qu'un taffetas de onze vingt-quatriemes d'aune de largeur entre les
lisieres, aura vingt-quatre portées de vingt-quatre fils chacune, cela doit s'entendre que toute la
chaîne qui est employée à faire ce taffetas, doit être composée de dix-neuf cent vingt fils. En fait
de velours, les portées se distinguent en portées de poil, et en portées de chaîne. Un velours à
trois poils doit avoir soixante portées de chaîne, et chacune de ces portées doit être de quatrevingt fils. Les portées que doivent avoir toutes sortes de velours, taffetas, et tabis, suivant leurs
différentes largeurs, especes et qualités, sont réglées par les statuts des ouvriers en draps d'or,
d'argent et de soie, des villes de Paris, Lyon et Tours, faits en 1667 ; on y devroit changer bien
des choses.
PRISE DE NAVETTE Accident de tissage lorsque le battant frappe le tissu alors que la navette
n’est pas encore ressortie de la nappe de fils.
Q
QUART DE POUCE, Petite loupe pliante en trois parties de laiton ou d'acier que l'on pose sur le
tissu pour voir le nombre de fils et de duites au cm. Appelé ausse compte-fils.
QUESTIN, on dit caissetin, parce qu'il ressemble à une petite caisse, partie du métier des étoffes
de soie. Le questin est un espece de coffre de 6 pouces en quarré sur deux piés de longueur, il est
attaché de longueur contre le pié de métier de devant ; il est garni de plusieurs rayons, il sert à
fermer les différentes dorures en espoleine, et les différentes qualités de soie en cannettes et en
espoleine qui servent à l'étoffe qui est sur le métier.
QUIAU, Tuyau de la canette. En principe le terme canette désigne un quiau ou tuyau rempli de
trame. Par extension on a malencontreusement pris l'habitude de nommer canette le tuyau, qu'il
soit plein... ou vide.
R
RABAT, (Manufacture en soie) lisse sous la maille de laquelle les fils de chaîne sont passés ; elle
sert à les faire baisser.
RABILLER ou RHABILLER, (Soierie) se dit d'une corde de semple, d'une corde de rame,
d'une arcade, etc. C'est substituer une corde neuve à celle qui s'est cassée.
RABOT, (Soierie) outil dont l'usage est de couper plus sûrement le poil du velours. Voyez
l'article VELOURS.
RAT (ou taquet), Petite pièce coulissante de bois dur placée dans la boite à navette et équipée
d'une pièce de cuir assurant la réception et le renvoi de la navette à l'aide de la corde de chasse.
RATEAU pour séparer les portées des chaînes des étoffes de soie. Le rateau est un outil qui sert
à plier les chaînes sur l'ensuple ; il est de la longueur de quatre piés ; il est garni de différentes
dents en yvoire éloignées de 3 lignes environ les unes des autres ; elles ont à chaque bout un
liteau d'un pouce environ de large, et demi-pouce d'épaisseur. Il y a un de ces liteaux qui se
déboite au moyen d'un vis qui est au milieu, pour qu'on puisse faire les portées aisément entre les
dents. Les dents des rateaux ont différens éloignemens, suivant la quantité de portées dont la
chaîne est composée, qui doit avoir toujours sa même largeur sur l'ensuple de derriere. Les
gaziers, drapiers et autres ouvriers ourdisseurs ont aussi leurs rateaux semblables à celui-ci.
RATIERE, Sorte de mécanique d'armure très inférieure utilisée pour les tissus armurés (non
façonnés)
REMONDER, EPLUCHER, terme de fabrique d'étoffes de soie. Le remondage consiste à
couper les bouts de soie qui sont aux chaînes lorsqu'elles sont sur les métiers, à mesure et avant la
fabrication ; on change aussi les bouts de soie qui se trouvent cotonneux, et si on ne faisoit cette
opération avec attention, il ne seroit pas possible de fabriquer l'étoffe dans sa perfection.
RÉCAMER, v. act. (Soierie) c'est enrichir un brocard d'or, d'argent ou de soie, en y ajoutant une
espece de broderie élevée, faite au milieu comme le reste de l'étoffe, mais après coup, et en
mettant de nouvelles chaînes et de nouvelles trêmes d'or, d'argent et de soie. Les brocards
récamés sont les plus riches et les plus chers ; cette maniere d'enrichir et de relever la beauté des
étoffes, aussi-bien que le mot qui l'exprime, viennent d'Italie. Les Italiens disent ricamare.
REDUCTION, Nombre de duites au cm ou au pouce
REGULATEUR, Ensemble d'engrenages mis en mouvement par la mécanique à chaque appui
sur la marche et permettant d'enrouler régulièrement le rouleau de tissu en tirant la chaîne en
avant. Le choix de la roue à rochets (nombre et taille des dents variables) se fait en fonction du
nombre de duites au cm du tissu à réaliser.
REMETTAGE, Opération qui consiste à faire passer chaque fil de chaîne dans les mailles du
remisse.
REMETTRE, Action d’effectuer le remettage
REMISSE, Ensemble des lisses ou cadres d'un métier. Terme complet : corps de remisse.
REMONDAGE, Cette opération consiste à réparer ou changer des portions de fil abimées dans
la longueur de la chaîne. Pour celà, le tisseur dispose toujours à portée de main au-dessus de la
chaîne, de roquets contenant du fil de soie prévu à l'usage de ces réparations. On a coutûme
d'appeler chacun de ces roquets une jointe.
REMONTER, (Soierie) c'est faire succéder de nouvelles soies pour continuer une piece, lorsque
celle sur laquelle on travaille est entierement employée et vient à manquer. Comme c'est une
opération fort longue que de monter un métier, il a fallu imaginer quelque moyen fort court pour
faire succéder des soies nouvelles à celles qui viennent à manquer ; et voici celui dont on use. On
a sur un instrument, appellé le billot, de la soie toute préparée : cette préparation consiste à être
encroisée de vingt fils en vingt fils par un bout, et de fil en fil par l'autre. La soie prend ces deux
en croix sur le moulin, et c'est le bout encroisé de fil en fil qui s'enveloppe le premier sur le billot;
celui par conséquent qui se présente et se développe le premier, est celui qui est encroisé de vingt
en vingt. Toute cette soie portée au sortir du moulin sur le billot est continue ; elle forme comme
un grand écheveau de 150 aunes de long, et de 800 doubles ou de 1600 fils. Il y a de ces
écheveaux qui ont 1800 fils ; ceux qui sont à l'usage des faiseurs de bluteaux fins ont même 2000
brins ; et comme on passe deux fils ou brins dans chaque dent du peigne, il y a des peignes à 8 et
900 dents ; et pour les faiseurs de bluteaux qui ne passent qu'un fil à chaque dent, il y a des
peignes à 2000 dents. Puisque le fil de soie est continu, qu'il forme un écheveau, il est évident
qu'il forme une boucle à chaque bout, et que la boucle du bout qui pend du billot est divisée en
quatre-vingt parties ou boucles partielles égales ; on appelle ces boucles partielles égales, des
portées. On a un instrument appellé rateau, on jette chaque portée sur une dent du rateau.
L'avantage de cette manoeuvre est d'étendre la soie, et de la disposer convenablement sur
l'ensuple. Pour cet effet, on a une petite baguette appellée composteur, qu'on passe dans toutes les
boucles partielles qui forment la grosse boucle qui pend du billot ; cette baguette a une ficelle,
appellée cristelle, attachée à une de ses extrêmités ; on passe cette ficelle à la place du petit
cordon qui tenoit les fils encroisés de vingt en vingt, et qui continue de faire cette fonction. On
passe ensuite le composteur avec sa ficelle dans la rainure de l'ensuple, on adapte une main ou
manivelle au tourillon de l'ensuple ; on tourne l'ensuple, et la soie distribuée en quatre-vingt
parties par chaque dent du rateau, ou plutôt en soixante-dix-huit, s'étend sur l'ensuple. Ils disent
soixante-dix-huit, parce qu'on fait les deux premieres portées doubles, afin que la soie étant plus
élevée sur l'ensuple par ses bords que par son milieu, elle ne s'éboule point. Après un assez grand
nombre de tours de l'ensuple pour que le billot soit dégarni, on arrive au bout de l'écheveau où les
fils sont encroisés de fil en fil, et tenus en cet état par un cordon. Voilà une opération préliminaire
à tout travail, et qu'il faut faire et recommencer toutes les fois qu'on veut commencer à travailler
une piece, ou qu'une piece finissant, on veut la continuer et substituer de la soie à celle qui
manque. Mais ce n'est pas tout dans ce dernier cas, il y a une seconde opération, qui s'appelle
tordre. Et voici comment elle se fait : on prend l'ensuple sur laquelle on a jetté la soie qui étoit
sur le billot, on la met dans les tourillons des allonges, voyez l'article ALLONGE, on attache à
chacun de ses bouts une corde qui passe sur elle, et qui se rend sur l'ensuple de devant. On a fait
des berlins ou portions de tous les bouts de soie, restes de la piece employée, qui pendent hors de
la lisse. Ces berlins sont encroisés d'un fil en un fil, on dispose les envergeures dans leurs
encroix, et l'on fixe ces envergeures fortement à l'aide des cordes qui sont tendues des extrêmités
d'une ensuple aux extrêmités de l'autre, en faisant faire un tour à chaque corde à l'extrêmité de
chaque envergeure. Puis on prend le bout de la nouvelle piece, on place des envergeures à son
encroix, et on l'amene jusqu'à ce qu'elle soit contiguë à l'extrêmité des berlins de la piece qui
finit; on fixe ces envergeures pareillement sur les cordes qui vont d'une ensuple à l'autre ; on pend
un poids à l'ensuple de derriere capable de l'empêcher de tourner, ensorte que la soie soit bien
tendue ; on divise la soie de la nouvelle piece en deux berlins ; on passe le noeud d'un berlin de la
piece nouvelle dans l'encroix du berlin de la piece qui finit, et on l'y fixe avec une corde. Puis,
avec la main gauche, on cherche à l'aide de l'encroix le premier fil du berlin de la piece expirante,
et avec la droite et à l'aide de l'encroix le premier fil de la piece nouvelle ; cela fait, on prend
celui-ci sur le pouce et l'autre sur l'index, on serre les deux doigts, la soie prete de la quantité du
diametre de l'index et du pouce ; alors en faisant glisser ces deux doigts l'un contre l'autre, ces
portions des deux fils se tordent ensemble et restent tors ; cet endroit de jonction est même
ordinairement si fort, que ce n'est presque jamais-là que les brins de soie cassent. Après qu'on a
tors les brins, on jette ou tord les deux brins avec le fil de soie du côté de l'ensuple de derriere.
Cela fait, on tord ensemble les deux seconds fils, et ainsi de suite fil à fil jusqu'à la fin d'une
piece. Cette opération est si promte, qu'un bon ouvrier tord dix-huit cent fils en deux heures ; afin
que les fils tors ne se séparent point, on se mouille les doigts avec de la salive, du plâtre, de l'eau
gommée, etc. mais cela est presque superflu. Cette maniere d'unir les soies est si ferme, que si un
ouvrier ne tord pas également, je veux dire que s'il prend avec ses doigts un peu plus de soie en
continuant de tordre qu'il n'en a pris au commencement, alors le poids qui tire l'ensuple montera,
et les premiers fils tors seront lâches ; ce poids est pourtant énorme. Cela fait, on a, comme on
voit, une piece nouvelle, jointe et continue avec les restes d'une autre, sans qu'on ait été obligé de
monter le métier. Mais il y a toujours une portion de soie qui ne peut être travaillée, celle qui est
comprise entre l'ouvrage disposé sur l'ensuple de devant, et l'endroit où l'on a tors. On tourne
donc l'ensuple de devant, la soie de la piece nouvelle suit les restes de l'ancienne, on amene les
portions torses jusque sur l'ensuple de devant au-delà du peigne, et l'on continue de travailler. Ce
qui occasionne cette perte de soie, c'est la grosseur ou inégalité des deux fils tors, contre laquelle
les dents du peigne agissant sépareroient les fils et gateroient tout.
RENVERGER, v. act. (Soierie) c'est enverger de nouveau. Voyez les articles ENVERGER et
ENVERGURE.
RESTAING, Les restaings sont de grosses bobines à grosses joues en forme de poulies sur
lesquels on enroule les fils de lisière (1/2 à 1 cm de large environ) comme des chaînes
indépendantes. Ces restaings ont leur propre système de freinage pour la tension (par cordelette et
poids). Les lisières aident à garder une largeur constante au tissu en empêchant de trop tirer sur
les trames (retrait).
RESTIER, Voir restaing
RETRAIT, Le retrait est la différence entre la largeur de la chaîne et la largeur du tissu fini, qui
est inférieure (voir embuvage). Le retrait s'exprime en pourcentage.
RIVE, (Soierie) bord de la chaîne tendue soit à droite, soit à gauche. On dit aussi rive de l'étoffe
ROCHET, s. m. (Manufact.) on appelle ainsi chez les marchands de soie, chez les
manufacturiers et ouvriers en étoffes d'or, d'argent et de soie, et chez les teinturiers en soie, laine
et fil, des bobines plus grosses et plus courtes que les bobines ordinaires. C'est sur ces rochets
que tous ces marchands et ouvriers devident leurs soies, ou pour les vendre, ou pour les
employer, ou pour leur donner quelque préparation de teinture. ROSTEIN, instrument du métier
des étoffes de soie. Le rostein est une grosse bobine percée de bout en bout, sur laquelle on
devide la grosse soie servant à former la lisiere de l'étoffe, que l'on appelle communément
cordelines et le cordon aussi. Voyez PORTE-ROSTEIN.
ROQUET, Bobine de bois sans joue sur laquelle on enroule la soie. On fait en principe le
canetage à partir de roquets et non de bobines.
ROQUETIN, s. m. (Soierie) espece de petite bobine de bois, au milieu de laquelle on a pratiqué
une moulure à deux bords pour recevoir ce qu'on y veut dévider. Il y en a une autre, où se pose la
corde du contrepoids qui sert à mouvoir le roquetin, à le retirer à mesure qu'il se dévide, et à tenir
tendu le fil qui porte dessus ; le roquetin ainsi que le rochet, est percé dans sa longueur, pour être
traversé d'une broche sur laquelle il tourne et qui le tienne suspendu.
ROS ou ROT, Synonyme de Peigne
ROULEAU, Cylindre de bois sur lequel on dispose la chaîne (rouleau arrière) ou sur lequel
s'enroule l'étoffe au fur et à mesure du tissage (rouleau avant ou rouleau magasin). Les tisserands
les nomment ensouple arrière et ensouple avant.
RYTHME D’UNE ARMURE, Enonciation des “pris” et des “laissés” successifs de chaque
duite.